S’ils sont deux sur scène, Sun c’est avant tout le projet de la Franco-Allemande Karoline Rose, que nous avons rencontré quelques heures avant sa prestation au Parc Expo de Rennes le 6 décembre dernier, dans le cadre de la dernière édition des Trans Musicales.
Elle est en avance de dix minutes sur l’horaire prévue pour notre tête à tête, c’est accompagné de son manager Bassem qu’on la retrouve dans la salle d’interview. Karoline Rose est tout de suite reconnaissable avec ses cheveux couleur feu et sa voix rock qui nous accueille. Elle prendra un petit moment pour se refaire une beauté, repasser une couche de rouge vif sur ses lèvres qui a pour effet de faire ressortir ce joli visage tout pâle qui fait son charme. Un charme que cette multi-casquette met autant au service de son groupe Sun, qu’à celui du théâtre avec la pièce « Nous l’Europe » de Laurent Gaudé.

En mai dernier, c’est à travers « Higher Fire », le premier extrait de l’EP « Brutal Pop », disponible depuis le 22 novembre 2019 qu’on faisait la connaissance de Sun. Une semaine plus tard c’est une Karoline furieuse et aux cris strident qu’on retrouvait dans le clip de « I Killed My Man ».
Nous avons donc voulu en savoir plus en profitant de son passage aux Trans Musicales de Rennes où elle était programmée dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 décembre 2019.
Je m’attendais ce que tu sois accompagnée de Vincent, il n’est pas présent ?
Karoline Rose : Ça fait longtemps que Vincent n’est plus dans le groupe, il était là au tout début. À la base c’est Dan Lévy qui m’a lancé et il m’a dit de trouver un super batteur, je l’ai trouvé et on a commencé Sun ensemble. J’emmène aussi Sun dans des spectacles, là j’ai fait un spectacle au In d’Avignon qui s’appelle « Nous l’Europe » de Laurent Gaudé. J’étais comédienne dans la pièce et j’ai embarqué le groupe avec moi, ce qui fait que parfois j’avais un monologue qui partait dans une chanson de Sun. Du coup ça fait un planning chargé, avec la vie du groupe et celle de comédienne. Ce n’était plus possible pour Vincent parce que c’était trop pro, du coup j’ai pris Nico Defer. C’est un mec super qui a l’habitude d’être dans plein de conflits différents. Toute façon c’est vrai que Sun c’est un duo en live, mais les chansons, les thèmes est vraiment moi.
Si je comprends bien Sun c’est un projet perso ?
Karoline Rose : C’est difficile à définir, si tu veux ce sont mes chansons, la Brutal Pop je l’ai écrite dans mon carnet quand j’avais 13 ans, j’ai toujours voulu faire ça. C’est le projet de Karoline Rose, qui se transforme en live sur scène. Ce n’est pas parce que le batteur n’écrit pas les titres qu’il n’est pas important, parce que moi je ne pourrai jamais faire de la musique sans Drôme. J’ai déjà tourné avec des formules Spdx et je détestais, c’était nul et pas fait pour moi.
Pourquoi avoir qualifié ton projet de Brutal Pop ?
Karoline Rose : J’ai toujours voulu faire ça, quand j’étais petite j’écoutais autant Michael Jackson que les trucs de métal super vénère et ça m’a toujours intéressé d’avoir de belles chansons un peu ABBA, Beatles, avoir vraiment un songwriting pop avec des mélodies et de l’harmonie et en même temps les rythmiques métal quand tu as la guitare qui est calé sur les doubles grosses caisses. J’ai trouvé ça stylé, j’avais envie de les mettre ensemble et ça m’a toujours obsédé ce truc et je n’ai jamais réussi à bien le faire. Et c’est quand j’ai rencontré Dan Lévi, il m’avait vu en première partie de Jeanne Added il y a longtemps à la Cigale en solo, il m’a dit « tu as l’air d’avoir des trucs à dire toi, tu fais écouter ? » . Je lui fais écouter des guitares voix et il me dit « tu n’as pas autre chose ? », je lui dis si, mais ça va peut-être te faire marrer. Je lui fais écouter ma brutale pop et il m’a dit « Meuf, c’est ça qu’il faut faire en fait ».
Comment tu arrives à marier techniquement la pop et le métal ?
Karoline Rose : Le premier chemin c’était d’enlever tout ce qui est effets ou instruments qui datent le truc dans le temps. Quand tu mélanges deux trucs aussi loin, l’important c’est d’avoir de bonnes chansons avec une harmonie bien solide et de savoir à quel endroit on va inviter le métal. Moi c’était surtout niveau rythmique et parce que je peux passer facilement d’une voix claire à une voix scrimée. Je me suis dit que c’était vraiment les deux éléments qui vont faire le son de Sun et qui vont faire qu’on va pouvoir jouer de la Brutal Pop. J’ai réussi avec l’aide de Dan à faire une petite sauce qui fonctionne bien. C’est surtout en épurant la formule, en étant que deux, on arrive plus facilement à faire quelque chose d’intelligence.
J’ai lu que ton premier concert avec Sun c’était en 2017 à Rock en Seine, ça été un bon tremplin pour toi ?
Karoline Rose : Carrément. Pour l’histoire j’étais programmée en solo à l’époque, je bossais à l’époque avec un producteur qui s’appelle Babx. J’avais plus envie de faire un truc un peu Electro rock, j’avais envie de faire mon truc de brutal pop et un mois avant Rock en Seine, Dan Lévy me dit « je vais t’aider, trouve un batteur, ne dit rien à personne et tu feras rock en Seine en tant que Sun ». Et j’étais annoncée partout en tant que Karoline Rose en solo, les gens s’attendaient à un petit truc, Electro rock. J’avais des interviews calées comme aujourd’hui… ils m’ont dit « Karoline tu vas nous jouer ça et ça aujourd’hui », et moi de répondre « non, surprise, je suis venu avec mon groupe Sun, c’est de la Brutale pop ». On a eu grave de la chance, ça a pris de ouf, il y a eu un pogo à rock à Seine qui n’est pas réputé pour en avoir.
Est-ce que chaque titre de l’EP représente vraiment une facette de ta personnalité comme c’est indiqué sur la fiche ?
Karoline Rose : Je parle beaucoup de la vie dans mes chansons, sur I Killed My Man des choses qu’on connaît tous, des histoires d’amour qui se terminent mal, sur Fast Car je parle de mon papa qui est décédé quand j’étais toute petite et qui m’a marqué parce qu’il m’emmenait sur l’autoroute avec sa Mercedes super vite et c’était génial. Higher Fire est une chanson d’amour, Enemy c’est une chanson contre la guerre. Ce n’est pas des facettes de ma personnalité, on s’en fout de moi, je ne suis pas là pour parler de moi, ce qui m’intéresse, c’est de toucher des gens et d’envoyer des messages importants.
Ton single I killed My Man, dont le clip a été dévoilé dernièrement, relate-t-il un peu ton vécu ?
Karoline Rose : D’une certaine façon oui. Je pense qu’on a tous connu des histoires ou on est avec une personne qui nous manipule et ce n’est pas cool. Cette personne m’avait offert un bracelet et je l’ai gardé même après la relation parce que je n’arrivais pas à me défaire de ses chaînes. Un jour j’étais au bord de la mer à Cherbourg, j’ai pris ce bracelet qui coûtait une blinde et je l’ai jetée à la mer, pour moi c’était comme une mort, le laisser partir dans les vagues. Non je ne suis pas une criminelle pour répondre à ta question.
Quels sont les artistes qui ont façonné ton enfance ?
Karoline Rose : Michael Jackson le premier, j’ai eu un choc à 6 ans, j’ai halluciné, j’ai eu la chance de le voir en live sur son historique tour. Courtney Love et notamment la scène métal avec Morbid Angel. Ce sont vraiment les trois qui m’ont façonnée.
Est-ce que tu penses délaisser ta casquette de comédienne pour te consacrer uniquement à la musique ?
Karoline Rose : Ce qui est marrant c’est que plus ça va, plus les deux se rejoignent, avant c’était deux choses séparées, je faisais des pièces de théâtre et la musique à côté. Et puis dans les pièces on me demandait d’amener mon groupe, afin qu’ils jouent pendant mon monologue de comédienne. On me l’a demandé sur deux pièces, et là je vais faire un film bientôt où il y aura le groupe et les chansons de Sun. Plus ça va, plus ça devient une matière. Dans la pièce que j’ai joué à Avignon « Nous l’Europe », j’étais en micro HF, j’étais un peu en conflit pour pouvoir me balader partout avec ma guitare. Ça m’a tellement plu que je suis dit que je vais amener cette facette la du théâtre où on a des mises en scène un peu plus originales, dans le concert. Et ce soir c’est ce qui va se passer, je n’ai pas de pied de micro, pas de retour, c’est encore plus au service du rock and roll d’être totalement libre de ses mouvements.
On a travaillé sur une scénographie très épurée, ce qui était important ce que l’on je sois libre, il fallait vraiment que je puisse lui tourner autour, qu’il soit statique et qu’on crée des images très évocatrices juste avec ma position et la lumière. On a vachement travaillé là-dessus, parce que la brutale pop c’est aussi amener le show pop dans un milieu rock métal assez trempé. Moi j’en avais un peu marre de faire des concerts où j’avais le pied sur le retour, tu ne peux faire grand-chose… je trouvais ça tellement pas représentatif de l’énergie qu’il peut avoir dans cette musique. Ce qui va se passer c’est ça, c’est dur à décrire, il faut le vivre.
C’est la première fois qu’on le fait ainsi, on a fait 8 jours de résidence pour vraiment préparer ce show et montrer ce que la brutale pop donne en live.

Je vois bien le projet Sun au Hellfest… ça te dit ?
Karoline Rose : Grave, j’aimerais tellement, j’adorerais
Autant Sun on a déjà fait un concert dans une fête de village en Savoie avec les gamins qui pagotaient, on a fait le in d’Avignon, ce sont des pièces de théâtre, ça n’applaudit pas, ce sont des personnes pas habituées, elles applaudissaient après la chanson alors que ça ne se fait pas. Récemment on a fait une date à l’espace B dans un festival de Doom et de black métal super pointu. J’avais un peu peur, je les voyais les 4 mecs à l’avant pendant j’installais ma gratte je les entendais dire « eh ça sent la meuf », ils me cherchaient. Je me suis dit toi attend de voir ce qui va se passer techniquement, on a été adoubé même par eux.
Moi je serai ravie de faire le Hellfest, mais en même temps de faire la première partie de Lady Gaga, ce serai mon rêve absolu. Parce qu’il y a des groupes qui sont des portes d’entrées et j’aimerai un peu que Sun soit ça.
Est-ce que tu as un groupe en tête ou un artiste avec qui tu aimerais faire une collaboration ?
Karoline Rose : J’aimerais faire la première partie d’Angèle (rires), tu vois bien ce que je veux dire. J’aimerais bien être une première partie de quelque chose qui n’a pas grand-chose à voir avec moi, aux usa ils font beaucoup ça. Lady gaga elle a pris Baby métal en première partie sur une tournée. Moi quand je vais voir des artistes je suis toujours ravi de découvrir autre chose en première partie.
Après Big up à tous mes potes français qui font du rock, je les adore toutes et tous, mais j’aimerais vraiment que Angèle ou je ne sais pas Mylène Farmer, j’aimerais qu’on mélange. C’est vraiment particulier en France, moi je suis franco-allemande, qu’on a du mal à mélanger. Le public adore découvrir.
À chaque nouveau concert tu as un nouveau look ?
Karoline Rose : Je reste toujours sur la même base, mais le style c’’est vraiment mon truc, d’ailleurs j’ai déposé ma marque « Brutale Pop », je suis en train de travailler dessus. J’aime bien les choses un peu extravagantes, ce soir j’essaie de ne pas trop attirer par la tenue parce que j’ai surtout envie qu’on écoute la musique.
Quelle est ton actualité ?
Karoline Rose : Là on a sorti l’EP Brutale Pop, le deuxième est déjà prêt, pareil produit par Dan Levy. On va le sortir je crois fin mars début avril. Entre temps, on va en tournée avec la pièce de théâtre « Nous l’Europe », qui tourne partout en Europe de janvier à Avril. En même temps on a aussi une date en première partie de Train qui est gros groupe de métal et moi je tourne un film dans lequel Sun joue aussi. Je ne peux pas trop en parler pour l’instant.
Ce que j’espère le plus c’est qu’avec les Trans on puisse développer une belle tournée, je suis vraiment très content d’être là. Autant j’ai fait les poésies musicales au palais des sports, le In d’Avignon, il y a des gens qui rêvent de ça, mais moi je rêve d’être ici aux Trans Musicales.
Plus d’infos
Brutal Pop, le premier EP de Sun est disponible sur toutes les plateformes depuis le 22 novembre 2019.
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