Le Musée des Arts Décoratifs propose actuellement une nouvelle exposition dédiée à la mode. Après “Fashion Forwards”, le musée décide de s’intéresser à la chaussure et à son histoire. Jusqu’au 22 mars, vous pourrez donc aller admirer un panel impressionnant de paires de chaussures mais aussi d’objets d’art, de peintures ou encore d’extraits de films.
Cette exposition fait suite aux recherches de cette chaussure qui fut portée par Marie-Antoinette en 1792. Sa très petite taille provoque l’étonnement et les chercheurs décident de faire une étude afin de comprendre comment une femme de 37 ans pouvait y glisser son pied. Il s’avère que les femmes de l’aristocratie au XVIII° siècle marchaient très peu comme ce sera aussi le cas pour les femmes de la haute bourgeoisie au XIX° siècle.
C’est donc ce que tente de montrer l’exposition “Marche et Démarche, une histoire de la chaussure“. A travers un long panel de modèles de chaussures datant d’époques différentes et venant du monde entier, on tente de nous montrer son évolution à travers le temps.
Le but premier de la chaussure étant de protéger le pied, on remarque une nette évolution des moyens de conceptions ainsi que des matériaux utilisés en fonction des époques et de ce qui s’y passe. Par exemple, à la Renaissance, les femmes portaient des robes particulièrement longues qui traînaient par terre. Lorsqu’il pleuvait, pour éviter de les mouiller, elles chaussaient des espèces de chaussures aux plateformes gigantesques appelées “chopines“. Vous pouvez les voir en arrière plan à côté d’un modèle beaucoup plus récent et fortement inspiré par celles-ci.
Les chaussures ont donc évoluées avec le temps que ce soit pour les femmes, les hommes ou les enfants. On voit l’arrivée des bottines qui enveloppent bien les pieds et ne glissent pas ou encore l’arrivée des lacets. Elles sont aussi un indicateur de milieu social puisque comme vous pouvez vous en doutez à une certaine époque, tout le monde ne pouvait pas s’offrir des chaussures à boucle ou dans de belles étoffes, celles-ci étant réservées aux élites. A l’inverse, les paysans eux, étaient pieds nus ou en sabots. Ce n’est que bien après que la chaussure a été industrialisée, qu’elle s’est démocratisée et décuplée en différentes tailles et modèles comme nous le connaissons aujourd’hui.
Les chaussures ont connues plusieurs évolutions à travers le temps mais aussi à travers le monde. Dans certains pays comme la Chine, on vouait un culte aux petits pieds au points de se créer volontairement des modifications physiques. A partir du X° siècle, les pieds des petites filles de la haute société était bandés afin qu’ils ne puissent pas se développer correctement. Cela créa des dégâts considérables sur leur corps ainsi que sur leur qualité de vie. Cette coutume s’apparentant littéralement à de la torture donne à réfléchir…
En effet, à travers différents pays du monde, le petit pied était considéré comme plus esthétique voire sensuel. Les femmes chaussaient donc des chaussures très petites et par conséquent très peu confortables. Elles ne marchaient donc pas beaucoup. Cela était donc beaucoup plus simple de garder un œil sur elle. Les chaussures pouvaient donc être une manière de garder les femmes enfermées. Evidemment, nous parlons ici d’une époque très lointaine. 😉
L’exposition “Marche et Démarche, une histoire de la chaussure” au Musée des Arts Décoratifs aborde donc cet accessoire adoré et parfois même collectionné sous différents aspects. Objet de frivolité, de décoration, de torture mais aussi de séduction, la chaussure a en tout temps attisé les convoitises et fait marcher l’imaginaire.
En plus de lui donner des pouvoirs surnaturels dans certains contes pour enfants, on reconnait à la chaussure un pouvoir certain sur les esprits et en particulier celui des hommes. Le Musée s’attarde d’ailleurs sur une sélection de chaussures purement fétichiste faisait ouvertement référence aux maisons closes du XIX° siècle. La cambrure exagérée des pieds faisaient frissonner leurs clients.
Plus récemment, le célèbre créateur de souliers Christian Louboutin s’inspire lui aussi du fétichisme et revisite l’emblématique chaussure de ballerine. Passionnée avant tout autre chose par les danseuses, l’artiste leur rend hommage à travers une collection capsule des plus sensuelle. Il demande à David Lynch d’immortaliser ses créations aux pieds des danseuses du célèbre cabaret, le Crazy Horse Paris. Des femmes réputées pour leur grande sensualité et à la cambrure vertigineuse.
Cette exposition consacrée à l’histoire de la chaussure permet donc de montrer les différentes facettes de cet accessoire de mode devenu aujourd’hui indispensable. Servant avant tout à protéger le pied, il va peu à peu connaître une évolution au point qu’aujourd’hui certaines paires ne sont même plus destinées à être portées mais seulement à être admirées comme de véritables œuvres d’art.
– Sonia–
Musée des Arts Décoratifs
107 rue de rivoli, Paris 01
Tarif : 11 euros
Métro 1 : Palais royal-Musée du Louvre