Il vous reste à peine quelques jours pour aller voir l’exposition Greco au Grand Palais. Elle ferme en effet le 10 février.

Premier rapport d’étonnement en visitant cette exposition. Le Greco est considéré comme un peintre espagnol, comme Velasquez ou Goya. Pourtant presque aucune des toiles présentées ne vient de la patrie de Cervantès. Elles arrivent surtout des musées américains, italiens ou de collections privées. Le Prado de Madrid n’a prêté aucune toile, et l’œuvre la plus célèbre du peintre, « l’enterrement du Comte d’Orgaz », n’est pas transportable.

Cette dispersion de ses œuvres vient largement de l’oubli qu’il a connu.  Pour ses contemporains espagnols, le Greco paraissait déjà étrange. Il est un pur produit de la Sérénissime. Lorsqu’il nait à Candie, l’empire Vénitien va de Venise à Chypre en passant par la Grèce et la Côte Dalmate. Il domine encore pour peu de temps le commerce entre l’Orient et l’Occident. Domínikos Theotokópoulosa, dit Le Greco commence en Crète comme peintre d’icone (quelques fragments sont visibles à l’exposition du Grand Palais). Puis il se forme à Venise au côté du Titien ou Tintoret. Enfin un séjour à Rome lui permet de connaître l’œuvre de Michel Ange et de Raphaël. Lorsqu’il arrive en Espagne, son éducation artistique est déjà faite, et contient toute son étrangeté, mélange  de mysticisme et de maniérisme. Il ne parvient d’ailleurs pas à s’implanter à la Cour d’Espagne et vivra de portraits privés et de commandes d’institutions religieuses.

Détails du Christ chassant les marchands du Temple (vers 1600) de greco.

Après sa mort, son œuvre est oubliée, remplacée dans le gout du public par le réalisme d’un Velázquez ou d’un Ribera. Cet oubli favorisera certainement la dispersion des œuvres, les propriétaires n’hésitant pas à se séparer de tableaux passés de mode et de faible valeur.

C’est à partir de la fin du XIXe, qu’il revient dans la faveur du public. La photographie, technique nouvelle, écrase la peinture en matière de réalisme. Les peintres, pour justifier leur travail doivent aller au-delà du réel. Dans ce cas, Le Greco parait un précurseur de l’art moderne. Certain ont vu son influence sur Cézanne. Elle n’est pas certaine car le peintre d’Aix n’a jamais visité l’Espagne. Mais elle est assurée pour quelqu’un comme Picasso qui l’a largement fait savoir.

Deuxième étonnement, l’existence de véritables séries, comme Monet pouvait en faire. Ainsi l’Annonciation, dont il existe plusieurs exemplaires. Ce sont des variations sur un même motif, la Vierge Marie et l’Ange Gabriel ayant toujours la même position. Pourquoi ces séries : demande des clients soucieux d’avoir une œuvre proches de ce qu’ils ont vu, volonté d’approfondir toujours le même thème comme le suggère le catalogue de l’exposition ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Mais une exposition comme celle-ci, qui rassemble exceptionnellement des œuvres habituellement dispersées permet d’en rendre compte.

C’est pourquoi il faut y aller, malgré la cohue qui peut rendre difficile l’accès. Le visiteur obstiné sera récompensé.

Plus d’infos

Exposition organisée par la Rmn – Grand Palais, le musée du Louvre et l’Art Institute de Chicago.

Lundi, jeudi, dimanche de 10h à 20h / Mercredi, vendredi et samedi de 10h à 22h.
Fermeture hebdomadaire le mardi. Vacances d’hiver : samedi 8, dimanche 9 et lundi 10 février : exposition ouverte de 10h à 22h.

Tarifs 

Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 9 €
Tarif tribu (4 personnes dont 2 jeunes de 16-25 ans) : 35 €

Réservez un billet individuel