Le trio Malgache Kristel s’installe confortablement sur la scène européenne comme la nouvelle sensation rock après le plébiscite de son premier album Irony, sorti en 2018. Avant la sortie d’un nouvel EP le 29 mai prochain, nous avons posé quelques questions à Christelle Ratri, la voix et bassiste de ce trio familial atypique.
On était impatient de les revoir le week-end dernier, mais face aux mesures de confinement décidées par les autorités pour lutter contre le Covid-19, le festival fut simplement annulé. Un coup dure pour le groupe, qui a vu dû renoncer à une dizaine de dates en France par la suite et rentrer de confiner se confier à Madagascar.
Qu’à cela ne tienne, Christelle Ratri s’est amusée à répondre à nos questions, depuis son lieu de confinement sur l’île rouge. Un exercice de confinement comme d’autres artistes l’ont fait bien avant.

Hello Kristel, comment allez-vous en cette période de grand confinement ? Vous vous trouvez sur l’île de Madagascar ?
Christelle Ratri : Salama eh ! (Ça veut dire qu’on est en bonne santé en Malgache). Oui, nous sommes tous rentrés à Mada pour retrouver la famille.
On devait vous voir ce week-end à Montreuil, j’imagine que c’est un peu difficilement que vous avez dû y renoncer ?
Christelle Ratri : Oui, cela a été dur de vivre toutes ces annulations, une par une, souvent l’avant-veille, plus de 10 concerts sur mars, mais c’est un mal pour un bien, car nous savons tous ce qui se passe en ce moment. C’est une période très difficile pour tout le monde.
Vous formez un trio assez atypique sous le nom de scène Kristel. La confusion est souvent de mise quand il s’agit de parler de vous trois sous cette appellation qui est semblable au prénom de Christelle Ratri. Pourquoi vous n’avez pas fait le choix d’un nom de scène neutre ?
Christelle Ratri : KRISTEL, c’est un nom de guerre (rire), mais justement ce nom a été choisi pour que les gens qui nous suivaient depuis toujours ne se perdent pas en confusion, car avant le nom du groupe était Christelle Ratri Trio (Et oui !). Nous voulions aussi mettre en avant aussi un côté féminin.
Parlez-nous un peu des prémices de votre trio, d’où vous est venue l’idée de monter un groupe constitué essentiellement autour de la famille ? entre un frère à la guitare et un mari à la batterie ?
Christelle Ratri : Notre père nous a éduqués et élevés dans le monde de la musique, depuis tout petit nous avons toujours joué ensemble. Jouer avec mon frère Benkheli a juste été une évidence. Pour Sylvano, il a été batteur du groupe bien avant qu’il ne se passe quelque chose entre nous (rire).
Ce qui nous a vraiment réunis, c’est notre même vision de la musique, les mêmes objectifs et la même perception de la vie que nous voulions choisir. Il y a une véritable alchimie entre nous trois, et c’est surtout lors des concerts qu’on peut la voir et l’entendre.
C’était plus qu’une évidence qu’un choix d’être un groupe et une famille en même temps.
Votre premier album Irony parle beaucoup de votre pays, en tant qu’habitants de la grande île, vous ne prenez pas de risques en dénonçant les inégalités criantes qui y sont légion dans vos titres ?
Christelle Ratri : Le plus grand risque serait le regret ; regarder sans rien faire, sans rien dire.
Nous avons des enfants (et tout ce qu’on fait aussi c’est un peu pour eux) , nous voulons qu’ils vivent et grandissent dans un monde meilleur.
Ce premier opus a également été un passeport pour votre renommée au-delà de la grande île. Vous avez été surpris par l’accueil qui lui a été réservé ?
Christelle Ratri : Quand on y pense, ça fait toujours chaud au cœur, car nous venons de loin, nous chantons dans une langue peu connue, mais cela n’a pas été une barrière contrairement à ce que l’on pourrait penser. Les sons, les vibrations et les sentiments ont pris le dessus. Bien sûr que nous avons été surpris, nous sommes contents et encore plus motivés que jamais de continuer.
Qu’a-t-il de spécial le rock des hauts plateaux ?
Christelle Ratri : Pour nous, mais on peut se tromper (rire) ce n’est ni le rock, ni le fait de venir des hauts plateaux qui fait la spécialité. C’est comment nous faisons les choses. La pureté et l’âme sont les plus importantes.
Après l’hymne d’amour « I Got You », le featuring avec le rappeur Kim Jah et le dernier « Out Loud » qui met en scène la rage de Kristel, votre prochain opus promet d’être assez éclectique…
Christelle Ratri : Pour chaque single, nous voulons (car nous aimons) surprendre. Nous essayons toujours de donner le meilleur de nous-mêmes et notre objectif est d’aller toujours plus loin sans oublier d’où l’on vient (c’est notre essence musicale et humaine). Pour le prochain single, la seule chose que nous puissions dire, c’est que nous sommes contents et nous avons hâte de vous le faire découvrir.
Parlons justement du dernier single « Out Loud » qui met en avant Kristel et sa rage de réussir dans une société où la règle du « No Future » semble s’installer confortablement. Quel message vous cherchez à véhiculer en mettant en avant toutes ces valeureuses guerrières dans votre dernier clip ?
Christelle Ratri : Littéralement, « Out Loud » parle de dépression, surtout dans nos périodes les plus sombres (car nous passons tous par là sans exception). Le message est que, malgré cela, il faut toujours se relever, crier à se faire entendre, accepter ses vices, le fait qu’on peut tomber, échouer encore et encore, mais ce n’est pas une finalité ou une fatalité (bien au contraire). C’est pour cela que le son donne un air plus joyeux que les textes, car c’est dans les moments les plus difficiles qu’on peut se retrouver ; quand on est livré à soi-même et c’est dans ces moments cruciaux qu’on peut choisir d’avancer ou d’abandonner.
Nous avons mis en avant ces guerrières en blanc, car ce sont mes anges. En tant que femme et surtout par rapport à cette violence que subissent les femmes en ce moment (une de mes proches a été victime de violence conjugale), c’est un message pour montrer qu’elles sont fortes et ne doivent plus subir, mais se lever et réagir
À l’écoute de ces premiers titres, on constate que vous abandonnez peu à peu le malgache au profit de l’anglais ou on se trompe ?
Christelle Ratri : Le mot « abandonner » n’est pas le bon (rire). Nous avons juste pris la décision de sortir de notre zone de confort en jonglant entre les deux langues (le Malgache et l’Anglais) et c’est dû aussi à mon inspiration qui voulait aller vers l’Anglais sur certains sons et certaines mélodies, nous ne refusons rien et nous avons aucune barrière.
La sortie de votre prochain EP sera-t-il compromis par la crise sanitaire actuelle ? Ou vous ne changez rien à vos plans ?
Christelle Ratri : L’EP sortira comme prévu le 29 mai, mais uniquement en digital pas de vinyle ou CD pour le moment. Cette crise sanitaire pour les artistes-musiciens-nes est à la fois négative, car on ne peut plus jouer et positive, car nous avons plus de temps que prévu pour composer, pour préparer tout ce qui va suivre et cela nous oblige à nous remettre en question.
Comment arrive-t-on à concilier tournée à travers différents pays et vie familiale quand on est parents d’un enfant dans votre cas ?
Christelle Ratri : Ce n’est jamais facile, que ce soit pour l’enfant ou pour nous. Nous essayons toujours de faire en sorte à ce que nos deux vies se balancent et se concilient bien. La base, c’est l’organisation.
Pensez-vous vivre ailleurs un jour que dans votre pays natal ?
Christelle Ratri : Nous vivons déjà entre Mada et la France, entre les tournées, les sessions de studios et la famille. Arriver à tout réunir dans un même lieu, nous travaillons pour cela et cela dépendra de comment évoluera notre carrière.
Que souhaitez-vous qu’on retienne de votre prochain projet et de la tournée qui va suivre ?
Christelle Ratri : Le plus important pour nous, c’est que les gens retiennent le nom « KRISTEL » avec notre folie, notre musique qui est vraisemblablement notre marque de fabrique et tout ce que nous avons à leur dire c’est « soyons heureux, la musique est immortelle ! »
Plus d’infos
Le nouvel EP de Kristel sortira le 29 mai prochain uniquement en digital.