Il explore les frontières entre rap, pop et chanson dans son premier EP Confinement, un style jugé moins agressif que les autres genres, mais ne comptez sur l’Enfant pour respecter cette consigne.

L’enfant fait partie de cette caste d’artistes singuliers dont les possibilités sont telles qu’il est impossible de les ranger dans une case. A la frontière entre le rap, la pop, le slam, L’Enfant s’amuse des stéréotypes et autres clichés que l’on a envers les rappeurs qui ne font pas de la street leur sujet de prédilection.

Dévoilé le 14 mai dernier, son premier EP 6 titres « Confinement » marque le début d’une carrière dans un univers très codifié dont il veut s’affranchir des codes. La ressemblance avec le californien Lauv est troublante chez l’Enfant, même s’il se sent plus proche d’un Booba dont il connait les paroles par cœur.

Stromae, Orelsan, Odezenne, Lorenzo etc. Les comparaisons sont faciles mais la réalité est que l’enfant a créé un univers, un style musical propre à lui-même et dans lequel il parvient à multiplier les sonorités.

Ovni de la scène urbaine

Le 19 mai dernier, l’Enfant nous accordait un entretien autour de son premier projet réalisé en plein confinement. Ce soir là, il recevait enfin un clavier midi, après avoir composé son EP à partir du clavier azerty de son ordi. Avant ce rendez-vous, on n’a pas cherché à vérifier s’il était sobre ou s’il sortait de dépression comme il le laisse entendre dans « C’est l’enfant ». On a plutôt été séduit par son dernier clip « Arigato », dans lequel on découvrait un garçon décomplexé aux cheveux roses, dont les textes n’ont rien d’un Enfant. Intrigués, nous avons voulu en savoir plus sur cet Enfant qui fait du rap de Fdp.

« Je suis né à Paris mais j’ai grandi dans une petite ville de 600 habitants à la campagne avec ma mère. Ado je faisais du rock, je jouais de la guitare, comme plein de trucs ça s’est arrêté pour diverses raisons. J’ai un peu flippé parce que je me suis dit que je n’allais jamais réussi à sortir de mon bled. Dans ma tête il fallait que je revienne à paris, du coup je me suis mis à étudier et j’ai fait de longues études. J’ai bossé, mais je n’ai pas réussi a m’épanouir dans le monde du travail, j’étais vraiment très malheureux ».

A mi-chemin entre le rap et la pop, sa façon de poser dans son premier titre « C’est l’Enfant », n’est pas sans rappeler celle d’un certain orelsan dont on ressent l’influence dans les paroles. Un style rap musical décomplexé, très bien posé sur l’instru, avec un côté adolescent aux antipodes du rap street/trap. « Je suis un peu là par hasard, quand je me suis mis à la musique, je n’avais jamais ouvert un logiciel de prod ».

Même s’il était déjà conscient qu’il allait rapper, il aime bien la simplicité d’une guitare, batterie ou une basse. « J’ai toujours été fan des trucs qui étaient au carrefour de la pop et d’un genre un peu précis, genre Nirvana, Marlyn Monson. C’est des trucs qui sont grunge, rock, métal, mais qui sont quand même pop, c’est des chansons avec des refrains, c’est très efficace. Mélanger du rap avec de la pop je trouve ça cool ».

À fleur de peau

Après avoir traversé une phase de dépression couplée à une relation qui bâtait de l’aile, l’Enfant remet tout à zéro et se tourne vers le milieu artistique. « J’ai toujours des hauts et des bas, j’ai longtemps cherché à les lisser, mais je n’y arrive pas ». Le mélodieux « Pastille bleue » nous plonge dans cette ambiance peu particulière, ou des mots sont mis sur les maux d’une jeunesse. Au risque de finir aigris, il fera de la musique sa nouvelle passion. « la musique canalise, mais ça ne m’empêche pas de partir en couille, d’être très triste, de remplir un vide. Je n’ai pas vraiment de juste milieu, plus j’avance, plus je me canalise. »

Puisque la musique adoucit les mœurs, ça deviendra son nouveau refuge. Même s’il se souci encore du regard des autres, il arrivera à faire taire les voix avec sa motivation, éviter de passer ces envies au filtre de ce que les autre vont penser.

L’Enfant

L’enfant ne sait pas encore si le milieu hardcore du rap lui ouvrira grand les bras, lui qui rap sur des instrus de trap et qualifie son univers de rap de FDP (fils de p…). Une expression bien à lui qui insinue que ce qu’il fait n’est pas vraiment du rap, « S’il y avait des puristes qui écoutent ce que je fais, ils trouveront que c’est de la merde, que c’est pas leur délire ».

Et quand on lui demande s’il se considère comme un rappeur il botte en touche, « c’est comme si j’étais une fraude, comme si j’étais une arnaque, comme si je m’en foutais, une espèce d’arrogance et légèreté, d’où le nom d’enfant. Le rap de fdp ça veut aussi dire du rap je m’en bas les couilles. Ça peut être un tout ». Mais pas du n’importe quoi on vous rassure, c’est pas parce qu’il porte le nom de l’Enfant qu’il faut le prendre à la légère.

Plus d’infos

Confinement, le premier EP de L’Enfant est disponible sur toutes les plateformes depuis le 14 mai dernier.

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