Alicia. faisait partie de la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges où elle défendait son premier EP Skol, dévoilé cet été. Nous sommes allés à sa rencontre.

« Alicia. avec un point à la fin, parce que c’est moi et rien d’autre ». Voilà une réponse simple à une question qu’on trainait depuis un bout dans nos feuillets et qu’on a enfin pu poser a Alicia. en fin d’interview, presque à l’arrache, alors qu’on s’imaginait la poser de prime abord.

La faute à sa prestation qui nous a scotché au point de nous faire perdre nos moyens ? Sans doute ! Malgré une édition particulière des Inouïs qui s’est tenue en septembre cette année, Covid-19 oblige, les artistes de la sélection ont pu se produire devant un public de professionnels qui n’a pas boudé son plaisir, après des mois sans concerts.

De sa voix douce et chaude, Alicia. a caressé l’oreille du public avec le poignant « Edémwa », son appel à l’aide de femmes victimes de violence conjugales, extrait de son premier EP Skol sorti le 17 juillet dernier. Un titre dédié à sa mère qui n’était pas présente dans la salle cet après-midi là, mais dont on peut entendre la voix émotive à la fin du morceau « A la première gifle, il faut partir… ». Sortez les mouchoirs.

Alicia. – Nadia Bellalij

En provenance de Toulouse, Alicia. représentait la région Occitanie à ce Printemps des Inouïs un peu spécial, où elle a invité le public à « Pull Up » avec elle, même si la nuit n’était pas encore tombée. On la retrouve d’ailleurs sur le dernier album de Grand Corps Malade où elle partage le titre « Enfants du désert » avec ce dernier. Après cette prestation remarquable, elle a accepté pour phenixwebtv.com, de répondre à quelques questions.

Qui est Alicia. ?

Alicia. : Alicia est une jeune toulousaine qui fait de la musique depuis trois ans, qui aime beaucoup ça. Qui est signée dans un label qui s’appelle Neuve, qui s’entend qu’épée bien avec sa boss et qui adore ça. Ouais je fais de la musique, du rnb, hip-hop, pop fan de pop et hip-hop et je suis dans la sélection hip-hop des Inouïs 2020.

Tu es à Bourges aujourd’hui dans des conditions particulières, tu avais imaginé te produire dans de telle condition ? Face à un public constitué uniquement de pros ?

Alicia. : Avant de jouer, j’étais en mode « ah oui, ce qu’il faut faire c’est les surprendre sans les déranger et en même temps il faut les interpeller. » Quand je suis monté sur scène, j’ai pensée la même chose. Si tu l’es intrigué il lève la tête, sinon il n’y a rien. C’est une petite pression, mais en même temps ça forge, parce que tu ne t’y attends pas et tu te dois de donner tout ce que tu as.

Qu’est-ce que les inouïs apporte à une jeune artiste comme toi ?

Alicia. : C’est un peu plus de visibilité au niveau professionnel parce que là, on a vraiment qu’eux. Si on avait eu un concert normal, ça m’aurait peut être apporté un peu plus de visibilité et un public. Mais je pense qu’au niveau professionnel on a eu pas mal de contacts et c’est déjà ça de gagné.

Ton premier EP Sko a été dévoilé le 17 juillet dernier au cœur de l’été, mais quelle est la signification de « Sko » ?

Alicia. : Sko c’est le prénom de mon arrière arrière arrière grand-mère, du côté de ma mère qui est d’origine ivoirienne. C’est Sioko à la base et j’ai pris ce nom là parce que selon les descriptions, puisque moi je ne l’ai pas conne, c’était quelqu’un de fort, de téméraire, très active et je sais que je suis comme ça. Je me disais que c’était bon d’avoir cet héritage là, c’est mon 3ème prénom, pourquoi ne pas le mettre comme nom d’album ?

Alicia. – Sko

Tu as un coeur bleu ?

Alicia. : Évidement que j’ai un coeur bleu.

Tu as collaboré sur ce titre avec louis Janeski, comment ça s’est passé ?

Alicia. : J’ai fait pendant le confinement quelque chose qui s’appelait « libérez Alicia », je voulais me libérer du confinement et de la routine. Je demandais à tout le monde de m’envoyer des prods, j’en reçois plusieurs, je les écoute. Bref, les jours passent et le confinement se termine. Je vais au studio et là je me dis qu’il faut absolument que j’écrive un son. Je vais dans mon ordi où j’avais enregistré les prods reçues, j’écoute et à un moment je tombe sur une prod. Je me dis « c’est pas possible, je n’ai jamais écouté cette prod ». Je demande à tout le monde autour de moi, personne ne sait. Je retourne dans mes mails et je tombe sur Louis Janeski. Je vais sur Instagram le mec n’est pas hyper connu, il fait des prods de ouf, il chante bien, d’ailleurs il vient de sortir son projet. Je suis choquée. Je lui envoie un message en disant que ça prod était terrible, il était super touché. C’est ainsi que les choses se sont faites, le label était ok et on a pu sortir le titre « Coeur bleu ». Là encore il m’a envoyé quelques prods, il est super fort et je suis très contente de travailler avec lui. Il faut qu’on soit en super bon termes, parce que c’est un grand artiste.

Le titre « Édèmwa » que tu as chanté sur scène tout à l’heure était très émouvant et touchant. Tu l’as dédié à ta mère qui n’était pas présente dans la salle. C’est du vécu ?

Alicia. : Ouais c’est du vécu, à la fin de la musique il y a une voix qu’on entend, c’est ma mère. Ce sont des violences conjugales qu’elle a vécu et par ricochet mes frères et moi. Je me disais qu’il il fallait vraiment que j’en parle, c’était à un moment où j’avais besoin d’en parler, un moment où tout le monde en parlait, la parole se libérait enfin. Et j’ai écrit ce morceau et ma maman a pleuré. Je l’ai enregistré à son insu. Je lui ai demandé dans la voiture « si tu devais dire quelque chose aux femmes qu’est-ce que tu dirais ? » et je l’ai enregistré. C’est ainsi qu’est né le titre « Edemwa ».

Pour paraphraser ton titre, qu’est-ce que tu as envie de tout lâcher ?

Alicia. : J’ai envie de me libérer de mes émotions, j’ai envie de montrer que je peux donner quelque chose. Tout ce que je peux faire j’ai envie de le faire. J’ai envie de tout donner, de tout lâcher, faire tomber les barrières, m’ôter les poids que je m’inflige. J’ai vraiment envie de me débarrasser de toute charge et de laisser faire la vie.

Tu parles beaucoup de ton vécu dans tes titres. Elle se situe où la frontière entre fiction et réalité ?

Alicia : ouais c’est du vécu dans le sens que je parle de moi. « Besoin de toi » c’est un titre que j’ai écrit pour un garçon que j’aimais beaucoup. Je ne savais pas si on s’aimait vraiment, s’il avait besoin de moi ou si j’avais besoin de lui. J’avais besoin d’écrire un titre pour lui dire que je pense souvent à lui, des fois je ne sais pas si je le pleure, mais j’avais besoin que ça sorte. Et « Reine » c’est pour affirmer que je suis une warrior et que les femmes sont des Warriors. Et pour dire que c’est moi qui dirige le navire.

Actuellement dans l’industrie de la musique il y a une sorte de levée de bouclier face aux agressions sexuelles et harcèlement. C’est un sujet qui te fait un peu peur ?

Alicia. : Ça ne me fait pas peur, ça me conforte dans l’idée qu’on peut le faire, nous ne sommes pas que des victimes, nous sommes aussi des battantes. On est dans la dénonciation et pas dans une vengeance aveugle, mais au moins à dire qu’on a vécu ça et qu’on peut s’en sortir toutes ensemble. Même les garçons qui ont été victimes de harcèlement, on y pense pas trop. Ça me fait peur dans le sens où ça peut m’arriver et si ça m’arrive je sais que je ne serai pas seule, je sais que j’aurai moins peur de le dire aujourd’hui qu’il y a 10 ans.

Tu te considères comme féministe ?

Tu as enfin pu donner rendez-vous à ton public le 29 janvier prochain. Tu as hâte et en même temps tu dois craindre une annulation ?

Alicia. : Bien évidemment, obligée. Je pense que le féminisme est sensé être dans notre nature.

Alicia. : Je crains de ne pas pouvoir jouer, mais j’attends des jours, des mois… on verra. Je laisse faire le temps, de toute façon je bosserai mon show quoiqu’il arrive et ensuite on verra. Je ne pourrais pas dire que je suis confiante à l’idée qu’on sera 500 dans la salle. On va faire au mieux et au pire des cas, ça sera annulé. On fera tout pour reporter.

Alicia.

Une nouvelle artiste comme toi qui débarque dans le milieu avec un nouveau projet, la suite logique c’est de pouvoir le défendre devant un public. Est-ce que tu as peur que la situation actuelle s’éternise et t’empêche de faire des scènes ?

Alicia. : C’est la question qu’on se pose, parce que ça veut dire presque pas de tournée ou des tournées assises, l’ambiance n’est pas ouf. Ça me fait un peu peur parce qu’on a toujours des trucs à prouver quand on sort un projet, ce qu’on veut après c’est le show, montrer en live ce qu’on peut faire. C’est un peu décevant, déjà qu’on arrive à se produire c’est incroyable.

Qu’est-ce que le public doit retenir de ce premier projet ?

Alicia. : Je veux qu’il retienne ce qu’il veut, ainsi je pourrais m’en servir pour l’album.

Plus d’infos

Sko, le premier EP d’Alicia. est disponible sur toutes les plateformes.

Alicia. sera en concert le 29 janvier prochain à La Maroquinerie.

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