Groupe pionnier et emblématique de la scène World française depuis plus de 30 ans, Lo’Jo est de retour avec un nouvel album Transe de Papier à paraitre le 4 décembre prochain chez Yotanka – PIAS.

Lo’Jo est un collectif né en 1982 autour du chanteur et musicien Denis Péan. Il chante d’une voix qui rappelle Claude Nougaro et Bashung. Il s’accompagne au piano et claviers électroniques. Les sœurs Nadia et Yamina Nid El Mourid apportent leurs voix qui ajoutent de la mélodie dans cette musique. L’ami des débuts Richard Bourreau et le petit dernier Baptiste Brondy apportent la couleur du violon et du violoncelle, de la kora et de l’imzad, ainsi que des percussions. Le bassiste Alex Cochonnec a rejoint le groupe pour cet album.

La déjà longue histoire de Lo’Jo est faite de musique et de concerts, mais aussi de théâtre de rue, de festivals, parfois organisés par eux. Ils ont aussi beaucoup voyagé, de New York au Mali, de la Chine au Maghreb. Ils ont multipliés les collaborations, entre autre avec les jazzmen Archie Shepp et Eric Truffaz,  avec le violoncelliste Vincent Segal (bien connu pour ses collaborations avec Sting et Mathieu Chedid[1]) ou le groupe Tinariwen qui a fait connaître le blues touareg[2].

Lo’Jo a su aussi rester près de ses racines, créant une sorte de phalanstère dans la campagne angevine. « Pendant quelques longues lunes, Lo’Jo a fonctionné à la façon d’une petite communauté semi-nomade et furtive (comme chez Alain Damasio), qui avait jeté l’ancre dans une ancienne ferme de la campagne angevine. Là, autour de Denis Péan, le façonnait et enregistrait sa musique entre deux voyages, mais aussi accueillait les enfants des écoles et des artistes du monde entier. Plus qu’un groupe, Lo’Jo était devenu une micro-société alternative, une utopie au coin du chemin. [3]»

Cette expérience est aujourd’hui terminée, et avec l’album Transe de Papier le groupe se recentre sur la musique. Il a été enregistré avec l’aide de Justin Adams,  en Anjou et dans les studios Real World, fondés par Peter Gabriel.

Ils ont particulièrement centrés la production sur la musique africaine. Le balafon et la kora résonnent et enrichissent certains morceaux comme Permettez Majesté. Tony Allen, le fondateur de l’Afrobeat avec Fêla Kuti accompagne le groupe sur Jeudi d’octobre et La rue passe[4]. Sur Hôtel du Souvenir, le violon et le violoncelle apportent une couleur nostalgique. Sur Kiosko, l’immortel Robert Wyatt[5] récite le texte sur un accompagnement minimaliste de piano. Sur Bal la poussière et Jeudi d’octobre, les sœurs Nid El Mourid prennent le lead vocal. Et sur Back Bird, Denis Péan chante en s’accompagnant seul au piano. Ainsi entre Afrique, Anjou et Angleterre, l’album ne cesse de changer de climat, tout en conservant une grande unité stylistique.

La colonisation française a été une horreur, faite d’oppression et de massacres. Mais elle a donné deux beaux fruits, deux titres de champions du monde de football, et la World Music. Certains s’accrochent à leur identité culturelle, un moyen comme un autre d’éviter de penser et d’avoir des idées. D’autres ont compris que la culture est un stock d’images, de sons, d’odeurs. On peut y puiser sans relâche et mélanger tout cela pour faire de beaux enfants, des idées nouvelles qui font avancer le monde[6]. Lo’Jo fait partie de de ceux-là. Avec Trance de papier ils ont produit un beau fruit gorgé de couleurs et d’émotions.

Découvrez Transe de Papier, le nouveau clip de Lo’Jo


[1] Je conseille particulièrement  « Chamber Music » avec Ballaké Sissoko à la Kora.

[2] Lo’Jo et Justin Adams leur producteur de l’époque ont contribué à l’enregistrement de leur premier album The Radio Tisdas Sessions.

[3] Dossier de presse

[4] Il est malheureusement mort en avril 2020 à Paris.

[5] Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’ancien batteur de Soft Machine, il faut écouter Rock Bottom, son chef d’œuvre.

[6] Lisez  Il n’y a pas d’identité culturelle du philosophe François Julien.