Le musée Marmottan-Monet propose une exposition concernant Cézanne et ses maîtres. Elle est censée se tenir au moins jusqu’au 6 janvier. Peut-être sera-t-elle prolongée pour tenir compte du reconfinement qui empêche d’y aller.

Elle met face à face les tableaux de Cézanne et ceux de maîtres italiens qu’il a pu admirer. C’est l’occasion de voir rassemblés des tableaux de Cézanne, certains biens connus, d’autres dont le visiteur ignorait l’existence. C’est la loi du genre de ces expositions temporaires. Dans une première partie les œuvres du peintre aixois sont confrontées aux œuvres de maîtres passés en Italie, comme Tintoret, Greco, Poussin ou Ribera ; dans la deuxième partie, la confrontation se fait avec les tableaux de peintres méditerranéens, comme Carra, Simoni, ou Pirandello. Quarante-trois préteurs ont permis de rassembler des peintures qu’on n’aura sans doute plus l’occasion de revoir ensemble. 

Portrait de Zola

 Il paraissait logique de faire ce rapprochement. La rigueur géométrique des tableaux de Cézanne, l’apurement des lignes et des couleurs donnent un sentiment de grand classicisme, qui peut rappeler les peintres anciens. « Moi aussi, je ne le cache pas, j’ai été impressionniste. Mais j’ai voulu faire de l’impressionnisme quelque chose de solide et de durable comme l’art des musées ». De même, chez les uns et les autres, il passe quelque chose de la lumière et de la chaleur du climat du midi.

Le château noir

Mais, en même temps, l’exposition rend compte l’irréductible originalité de Cézanne. Jamais, plutôt rarement il ne reprend un cadrage, une couleur de ses maîtres anciens. Les rapprochements faits dans l’exposition montrent plutôt les différences que les ressemblances entre les anciens et le maître aixois.

Cette originalité est encore plus frappante lorsqu’il se rapproche de ses modèles. « La déposition du Christ » de Ribera devient «  la toilette funéraire ou l’autopsie ». La peinture ancienne était religieuse, qu’il s’agisse de sujet chrétien, ou de mythologie classique. Cézanne a été chrétien, mais sa peinture est laïque, façon Troisième République. Elle ne représente pas l’au-delà, mais l’ici et maintenant. Que ce soit dans ses scènes de genre meurtrières ou dans ses paysages, Cézanne annonce un monde sans transcendance, où Dieu est absent. Mais faisant cela il annonce un temps où le tableau n’est plus de toile, pigments, brosses et pinceaux. Pour aller vers l’abstraction,  celle d’une Soulage ou d’un Pollock, il fallait sans doute passer par le dépouillement physique et intellectuel de Cézanne.

aquarelle

L’exposition est actuellement fermée. Pour savoir quand elle ouvrira, surveillez son site .

Quand vous pourrez à nouveau bouger, faites un tour à Aix pour voir la Sainte Victoire.