Marquée par la pandémie de covid-19, l’année 2020 a été particulièrement catastrophique pour l’industrie du disque et le monde du spectacle en général. Une année au cours de laquelle certains artistes nous ont gratifiés de nouvelles albums qui valent le détour. Quels sont les albums qui auront marqué cette année 2020 ?

Tim DupQu’en restera-t-il ?

Qu’en restera-t-il ? est le deuxième album de Tim Dup. Que restera-t-il de cet album ? Que restera-t-il de notre monde, de notre terre, de notre civilisation? La question peut être interprétée de diverses manières. Comme dans son premier album « Mélancolie heureuse » , Tim fait la part belle aux contrastes, à une certaine violence, en opposition avec la douceur de sa voix. Ce nouveau disque offre un panel d’ambiances musicales assez diversifié, alternant mélodies douces et morceaux plus énergiques et rythmés. Les phrases poétiques, photographiques, voire cinématographiques, invitent notre imaginaire à créer formes et couleurs. Les textes entraîne à l’introspection et au questionnement sur le sens de notre vie, ici-bas. À écouter au moins deux fois d’affilée, selon le souhait de son créateur. Ensuite, vous serez conquis.

Gaël FayeLundi Méchant

Quel bonheur de retrouver le timbre de voix de Gaël Faye que le métissage rend si particulier, porteur à la fois de douceur et de fureur. Pour la réalisation de ce deuxième album studio, l’artiste a choisi de collaborer avec ses inséparables compagnons de scène : Guillaume Poncelet et Louxor. Ce disque s’écoute autant pour la beauté des mélodies que pour la puissance des textes : on peut se laisser porter par les sons, sans mentaliser, mais une punchline viendra toujours, à un moment, nous percuter les tympans. De nombreuses collaborations viennent enrichir d’éclectisme cette nouvelle œuvre : la poésie de Christiane Taubira, le chant céleste de Jacob Banks, le timbre chaleureux de Mélissa Laveaux, la voix réconfortante de Samuel Kamanzi ou le « Jump In The Line » de Harry Belafonte. Rendez-vous en concert pour danser sur les mélodies entraînantes, mais aussi crier, chanter, revendiquer les textes magnifiques de cet incontournable Lundi Méchant.

Ben MazueParadis

Paradis, le titre de l’album pourrait laisser présager un enchantement et une plénitude perpétuels, mais la pochette, bien que très colorée, ressemble plutôt à une traversée de la jungle. La plupart des chansons qui composent ce quatrième opus de Ben Mazué sont nées sur les cendres de son couple. Il y aborde également le sujet délicat de la paternité. Sa très belle poésie et les orchestrations à rebondissements, transforment ses doutes, colères et chagrins en de magnifiques exutoires où l’on reconnaitra et soignera, à notre tour, un petit peu de nos tourments. Pour reprendre une citation extraite de la chanson « J’écris » présente sur le disque : « Des mots qui font sécher-couler des larmes ». On en redemande, vivement la reprise des concerts pour partager pleinement ces émotions.

Tagada JonesÀ feu et à sang

Actif depuis 1993, le groupe Tagada Jones n’a rien perdu de sa hargne, de son énergie et de sa détermination. Le graffiti mural qui orne la pochette de « À feu et à sang », illustre le choc entre l’innocence de l’enfance et la violence du monde, personnifié en une fillette câlinant un bidon d’essence. Les guitares bien énervées viennent en renfort de textes emplis de bienveillance, tout autant que de rage, traitant de sujets aussi divers que l’écologie, la condamnation de la culture du viol, les disputes, la renaissance, les apparences trompeuses, la contestation de l’ordre établi. Le groupe, nourri d’un incroyable optimisme, prévoit deux concerts au Trianon de Paris les 14 et 15 mai prochain, on y croit !

AusgangGangrène

Ausgang, c’est le son que produit l’explosion générée par le choc du flow de Casey avec la musique rock, portée par Marc Sens à la guitare, Manusound à la basse et Sonny Troupé à la batterie. Qu’elles soient tornades ou pluies denses et lancinantes, les intempéries sonores issues de cet album renforcent les rages et les doutes qui jaillissent des trippes de la rappeuse. « Ma bouche a un port d’arme, je parle, il y a mort d’homme » (Extrait du titre « Ma complice »). Sa conviction est telle, est ses mots si tranchants qu’on ne peut que vivre et ressentir avec elle le combat qu’elle mène, contre le système, ou contre elle-même. Gangrène, le premier album de ce nouveau projet Ausgang, pose une ambiance tour à tour glaçante ou cuisante. Âmes sensibles s’abstenir, âmes vénères s’y précipiter.

Jake and FannyDis-moi

Le duo americano-canadien Jake and Fanny a dévoilé son premier EP quatre titres Dis-moi le 11 septembre dernier. Un premier projet d’une pop langoureuse porté par le premier single passionnel en anglais et français, Hold On To Me, qui a révélé le tandem en France et en Europe. Ensemble sur scène comme dans la vie, ce duo fusionnel et plein d’énergie, mérite d’être connu.

TerrenoireLes forces contraires

Dévoilé le 27 août 2020, Les forces contraires est le premier album du duo de frères originaires de Saint-Etienne comme le laisse imaginer leur nom de scène Terrenoire. Après un premier EP sorti en 2018, le diptyque (De l’ombre à la lumière et Lâchons prise) de l’été dernier accompagné chacun d’un clip, le tandem nous offre un long format de dix pistes. Un premier opus hyper sensible porté par le passionnant « baise-moi », qui nous replonge dans nos emois les plus intimes et dont Raphaël et Théo Herrerias, se sont fait un plaisir de nous expliquer le sens « Bien sûr il y a une forme de crudité dans cette chanson, elle parle de sexe, assez crument, elle s’appelle « Baise-Moi »… mais ce n’est pas spécialement pour choquer car finalement la morale de l’histoire c’est de dire qu’il y a quelque chose de plus grand que le sexe lui-même, à l’intérieur de l’amour, c’est la vie même. Le sexe nous renseigne quelque part sur la vie même. »

Barbara PraviReviens pour l’hiver

Reviens pour l’hiver est le dernier EP intimiste de Barbara Pravi paru le 7 février 2020 et dans lequel elle se dévoile à travers cinq histoires personnelles, composées uniquement au piano. Dotée d’une voix douce, Barbara la met en valeur sur les titres de ce projet né dans la tempête, mais qui pourtant est loin de sonner comme un coup de gueule avec son univers empreint de douceur et de nostalgie positive.

Colours in the streetAll The Colours

Cinq après la sortie de leur premier album Royaume, le quatuor Niortait Colours In The Street a signé son retour l’été dernier avec un nouvel opus quatorze titres aux essences pop, rock et électro intitulé All The Colours. Le groupe j’hnous en donnait d’ailleurs un résumé de ce nouvel album lors d’une interview : « All the Colours vient du texte de l’un de nos premiers titres qui s’appelle « Triangle ». Avec Colours, on ne s’est jamais mis dans une case, on se laisse la liberté de s’exprimer comme on le souhaite, sans limite, car la musique c’est aussi ça selon nous. Et pour nous depuis Royaume (le premier album sorti en 2015.ndlr), on s’est toujours dit le prochain on l’appellera « All the Colours » car c’est exactement ce qui représente notre musique, et qui est parfaitement en adéquation avec la tracklist de l’album. »

Sarah WalkAnother Me

C’est sans doute la plus belle découvert de l’année 2020 et on se demande encore comment on a pu passer à côté de son premier album Little Black Book dévoilé en 2017. Un premier opus qui avait séduit par sa justesse, porté par les singles « Maybe Someday » et « Keep On Dreaming », qu’on vous recommande vivement. La jeune pianiste et auteure compositrice originaire de Minneapolis Sarah Walk, est revenu cette année avec son nouvel album Another Me, un 2ème album d’une puissance émotive et sans excès d’envolées lyriques que nous nous faisons un plaisir de vous détailler ci-dessous.

HervéHyper

Après un premier EP Mélancolie F.C, salué par la critique et dans lequel on découvrait la singularité de son chanté parlé derrière un piano, Hervé a dévoilé son premier album Hyper, en juin dernier. Onze titres d’un hyperactif, qui mélange électro et musique française, le tout porté par une voix mélancolique. Lors du premier confinement, il nous donnait un aperçu de cet album avec le clip de sa chanson « si bien du mal », réalisée à l’aide d’un smartphone et dans lequel on le voit dans sa cuisine, réalisant des crêpes tout en dansant.

FernõAller simple

Ferño, artiste pop au look singulier, nous offre un Aller simple, pour découvrir l’univers disco et romantique de son premier EP disponible depuis le 17 juin 2020. Maniant les mots avec aisance et charme, l’artiste nous entraîne dans une ambiance emprunt de mélancolie et d’espoir, avec pour ambition d’amener un vent de fraîcheur sur la pop française. D’ailleurs, dès les premières notes titre éponyme Aller Simple le mode disco est enclenché en nous servant l’histoire d’amour avec la fille aux cheveux bleus teintés, rencontrée en rentrant de soirée. C’est nostalgique, assez puissant au niveau de l’instrumental « l’idée c’était de vraiment commencer un voyage sans savoir où et quand il se terminera. C’est une invitation aussi à m accompagner et à se laisser bercer » nous confiait l’artiste.

Dalhia – Hide my face

C’est un projet qui vaut le détour, même si son ambiance ténébreuse peut heurter certaines sensibilités, la lumière n’est jamais loin. Hide My Face est le premier EP six titres à l’univers dark du duo havrais Dalhia, dévoilé le 30 octobre 2020 et dans lequel Rachel Geffroy (chant) et Simon Vouland (batterie, machine) abordent des sujets universels.

AlioseComme des gangsters

Le duo suisse Aliose avait prévu de sortir un nouvel album en 2020, mais la crise sanitaire liée à l’épidémie de covid-19 et ses nombreuses conséquences ne leur ont pas permis de réaliser ce projet. Qu’à cela ne tienne, le tandem a tenu à offrir à son public un EP cinq titres Comme Des Gangsters, en attendant la sortie de l’album au meilleur moment. A l’image de grands duo de fugitifs, Aliose nous offre une fuite en avant avec ce nouvel EP parfait pour s’évader Comme des gangsters.

AurusAurus

Bastien Picot aka Aurus questionne et dénonce notre rapport au monde dans son premier projet solo dévoilé le 12 juin dernier. Un projet éponyme qui s’inspire de ses racines Mayola, en faisant la part belle au créole et à l’anglais, lui qui est originaire de l’île de la réunion. Entre interrogation sur notre rapport au monde animal, une exposition trop importante aux médias et un sujet sur le burn-out, les thèmes abordés oscillent entre réel et imaginaire.

MokadoGhost

C’est dans les carnets de voyage de son arrière-grand-père que le percussionniste de formation Sylvain Bontoux aka Mokado, a trouvé de l’inspiration pour composer les six titres de son dernier EP Ghost, dévoilé le 31 janvier 2020. Un projet intime, dans lequel l’artiste convoque les fantômes du passé, en donnant vie aux personnages de ce vieux carnet. Mokado se réfugie derrière un masque, pour nous conter l’histoire de quatre personnages (Afé, Mona, Altaïr et Pelagios), aussi attachants que troublants, le tout porté par des notes qui font mouches.