Piednoir nous raconte ses Souvenirs de la Houle dans un premier projet pop qu’il a personnellement réalisé. Rencontre

Les Souvenirs de la Houle, c’est Piednoir qui en parle le mieux, puisqu’il s’agit de son premier projet cinq titres dévoilé le 28 mai dernier. Lui qui a toujours oeuvré dans l’ombre de certains artistes en tant que réalisateur, guitariste ou compositeur, prend enfin son envol avec cette première proposition de pop française qui donne « Le vertige ».

De sa voix douce et profonde, il nous invite dans son univers fait de grands espaces, mais aussi de nature, où ciel et mer ne font qu’un. En utilisant les thèmes de l’amour, de l’aventure ou du fantasme tel un poète des temps modernes, il nous ouvre les portes de son intimité. Rencontre avec un artiste curieux et passionné, qui n’est pas vraiment un inconnu dans le milieu, lui qui a créé en 2015 l’émission du « Son dans mon salon » avec Jean-Philippe Boisumeau.

Piednoir, ce nom chargé d’histoire, il paraît que ce n’est pas un nom d’emprunt ?

Les rumeurs sont vraies, c’est bel et bien mon nom de famille. J’aurais pu être un indien ou même être un descendant de français d’Algérie, mais non. Je suis normand, j’aime le camembert et le jus de pomme et ce nom semble venir de la terre que mes ancêtres avaient sur leurs pieds…

Après avoir arrangé et réalisé les projets de tes amis, tu te mets à ton compte. Quand as- tu pris la décision de composer pour toi même ?

Disons que c’est plutôt mon point de départ, cette envie de porter un projet. Mais j’ai eu besoin de passer par le travail dans l’ombre pour comprendre ce que ça exige, pour me sentir crédible et enfin pour que mes peurs soient moins fortes que mon envie. Cette envie est devenue une urgence et j’ai pu faire naitre mon alter égo « Piednoir » début 2019 en sortant une reprise de Lisa Portelli : « Les chiens dorment », avec un clip fait maison.

S’il ne fallait garder qu’une seule casquette laquelle choisirais-tu entre auteur, compositeur, interprète, réalisateur de disques et j’en passe ?

Pour moi, cette question ressemble beaucoup à celle-ci : « Tu préfères être un litre de lait, ou avoir Fernandel à la place de la jambe? ». Ça me fait rire, mais je ne peux pas choisir. Chacune de mes activités alimente les autres. Si je devais n’en choisir qu’une je crois que je finirais très vite par m’ennuyer ou pire, par être frustré. Par contre, je peux te dire que la première chose que j’ai faite lorsque j’ai pris une guitare dans mes mains quand j’avais 14 ou 15 ans, ça a été de composer quelque chose, puisque je ne savais rien jouer.

Pour ce premier projet, tu as reçu l’aide à l’autoproduction de la Sacem, qu’est-ce que cela représente pour un jeune artiste comme toi ?

Pour un artiste qui démarre son projet c’est une grande chance de recevoir cette aide. C’est à la fois une belle somme d’argent qui donne des possibilités pour la promotion, la production de nouveaux contenus ou encore pour investir dans du matériel. C’est aussi une reconnaissance par ses pairs, puisque les membres de la commission d’aide à l’autoproduction sont des artistes auteurs, compositeurs et des éditeurs. Ça permet d’avoir accès à des formations au Studio des Variétés ou encore d’être présent sur certains canaux de communications de la Sacem. Au final, c’est une très très belle aide.

Le visuel de ce projet te représente dans la posture de quelqu’un de pensif, une sorte d’état introspectif… Quel message se cache derrière cette image ?

Il n’y a pas de message caché derrière ce visuel. Effectivement j’ai la posture de quelqu’un de pensif. On peut y voir le côté « Souvenirs » du titre de cet EP. Et le petit ventilateur vintage évoquerait « la houle » en simulant l’air marin sur mon visage. C’est Olive Santaoloria qui m’a proposé de faire cette photo. Au départ je venais le voir avec une toute autre idée, plus difficile à mettre en oeuvre. On a fait cette photo lors de notre premier rendez-vous, j’en étais très content. Quatre jours après on était le 16 mars 2020. Autant te dire qu’on n’avait plus trop la possibilité d’essayer autre chose. Mais ce n’était pas grave puisque j’avais LA photo !

Pourquoi avoir choisi d’intituler ce premier projet « Souvenirs de la Houle » ?

C’est quelque chose que je dis dans la première chanson de cet EP « La tête haute ». La phrase exacte c’est : « Souviens-toi de la houle ». C’est un conseil que je donne à quelqu’un qui est perdu, métaphoriquement parlant. J’ai mis dans cette image de la houle toutes les petites choses qui passent inaperçu mais qui sont essentielles et qui ont un grand effet sur le temps d’une vie. Comme ce petit mouvement de l’océan qui semble parfois imperceptible mais qui finit par façonner les paysages. Pour moi, cette houle est à garder en vue lorsqu’on traverse des épreuves ou lorsqu’on a des choix à faire.

Des titres très personnels qui racontent une sorte de chemin de croix, dont on s’en sort « la tête haute ». Pourquoi n’avoir pas fait le choix de mettre ce titre plutôt en fin de disque, car il résume assez bien l’état d’esprit de ce premier projet ?

C’est tout à fait ça. Cette première chanson est une sorte de résumé de l’ensemble. Il y a plusieurs raisons à ce choix de place. D’abord il s’agit d’un premier EP, d’une première chance de me présenter. Autant dire bonjour avec la chanson qui me semble la plus porteuse. C’est vrai que cette raison seule n’est pas très intéressante alors je peux en donner deux autres pour le plaisir. La première c’est parce que si tu écoutes mon disque en boucle, tu ne sauras plus où est le début et où est la fin. C’est ce que j’appellerais l’effet dessert. Si tu aimes manger ton dessert en premier tu comprendras. Et la deuxième c’est parce que dans cette chanson, j’appelle à ne pas suivre les routes qu’on nous trace à l’avance. Placer cette chanson à la place qui serait la plus attendue pour elle va contre cet appel. J’ai bien répondu ?

« Dis-moi », que fais-tu ou à qui/quoi penses-tu tous les jours à 23h23 ?

C’est assez indiscret comme question. Et ma réponse risque de te décevoir. Mais la plupart du temps, et surtout cette dernière année, j’ai passé beaucoup trop de mes 23h23 à lire ou à regarder des séries et des films dans mon lit. Triste époque, me diras-tu. Mais le couvre-feu semble vivre ses derniers instants… la lumière au bout du tunnel?

Est ce que tu dirais que l’écriture est la meilleure des thérapies après avoir traversé une épreuve ?

Je dois avouer que je ne sais pas. J’ai même de gros doutes sur cette affirmation vu le nombre d’auteurs torturés que je connais ou dont j’ai lu ou écouté les oeuvres. Je pense que l’écriture peut devenir un outil redoutable pour une thérapie, mais tout dépend de comment on aborde cette discipline. Je préfère laisser ça aux professionnels. Pour ma part, l’écriture m’a permis de faire un pas, la composition un autre et ainsi de suite à chaque étape. Jouer mes chansons devant un public ça a été carrément un bond.

A part dans la nature et les grands espaces, où puises-tu ton inspiration ?

J’ai grandi à la campagne, dans cette nature et ces grands espaces que tu évoques. Aujourd’hui je vis en ville, dans un petit appartement. Etre dans cet environnement bétonné et ce petit espace m’a fait prendre conscience de la qualité de cette vie d’avant qui me semblait banale. Et pour ça il m’a fallut une expérience, un contraste. Les contrastes m’inspirent énormément. Que ce soit lors d’une rencontre, d’un voyage ou lors de nouvelles expériences.

Tu es également co créateur de l’émission « Du son dans mon salon » avec jean-Philippe, penses-tu pouvoir continuer l’aventure tout en défendant ton propre projet ?

Oui. Avec Jean-Philippe on a construit une vraie dynamique entre nous grâce à cette émission. D’ailleurs, on a pu se rendre compte, lors du tournage de mon prochain clip, qu’on pouvait exporter cette dynamique dans d’autres contextes. Pour en revenir à l’émission, lui y consacre vraiment beaucoup de temps. Pour ma part, ça me prend entre 4 et 5 jours par mois. Pour le moment il n’y a pas trop de risque que je quitte cette aventure qui en plus me permet de faire de très belles rencontres.

Penses-tu pouvoir défendre ton projet sur scène cet été ?

Pour le moment je n’ai pas de concerts de prévu avec mon projet cet été, mais comme tout bouge très vite en ce moment, ce n’est pas impossible que je me retrouve au moins une fois sur scène à chanter mes chansons. Mais dans tous les cas, enfin sauf si on est confiné de nouveau, je me prépare pour des concerts à partir de la rentrée. Et pour être tenu au courant des dates et des lieux, rien de mieux que de me suivre sur ma page Facebook ou Instagram (piednoirmusic).

Plus d’infos

Souvenirs de la Houle, le premier EP de Piednoir est disponible sur toutes les plateformes.

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