L’air de Bellini Casta Diva est resté comme l’air de Maria Callas. Elle l’avait chanté plus d’une centaine de fois sur scène.

Anna Maria Sofia Cecilia Kalogeropoulou (1923-1977) est née à New York dans une famille grecque. Elle est devenue La Callas, la Divine, l’Assoluta. Encore aujourd’hui elle est vénérée par une foule d’aficionados dans le monde. Elle reste une référence plus de 40 ans après sa mort, et plus de cinquante ans après sa fin de carrière. Quel mystère fait d’elle la plus grande des cantatrices ?

Une raison technologique, se glisse derrière cette adoration : elle est la première !

En 1946, la firme Colombia invente le disque vinyle  à amplification électronique. Moins de bruit de fond, plus de voix nasillarde, une durée prolongée des plages. Le 33 tours devient la nouvelle norme. Il permet d’écouter  la musique classique chez soi  comme en concert.  Jamais on n’avait pu entendre ainsi  les chanteurs ou l’orchestre. Durée allongée, qualité sonore améliorée, dynamique parfaite, les disques de cette époque ont une qualité technique que le numérique n’a pas vraiment dépassé. Les enregistrements du début des années 60 sont d’une finesse exceptionnelle.

Le producteur anglais Walter Legge (1906-1979) s’est précipité pour profiter de la nouvelle technologie. Pour la firme EMI, il embauche les meilleurs chanteurs et les plus grands musiciens. Il les reçoit au studio 1 d’Abbey Road (les Beatles seront relégués au studio 3). Il va faire la gloire de Callas, mais aussi de Karajan, d’Elisabeth Schwarzkopf (sa femme) et de bien d’autres.  Les chanteurs qui suivront devront toujours se mesurer à ces pionniers dont les enregistrements sont toujours disponibles.

Mais Callas, ce n’est pas que des enregistrements. S’imposant un régime sévère, elle apparaît mince, svelte dans les nouveaux médias, comme la télévision ou le cinéma. Elle démode les castafiore bedonnantes.

Enfin c’est une voix exceptionnelle, entre alto et soprano, comme venue d’un autre monde ou d’un autre temps. C’est pourquoi le rôle de Norma lui colle à la peau. L’intrigue de l’opéra de Bellini est inspirée du mythe de Médée. Une prêtresse gauloise, Norma, s’éprend de Pollione le général romain ennemi. Elle lui fait des enfants. Puis le général tombe amoureux d’une autre femme. L’épouse trahie finit par reconnaître sa faute, et les deux anciens amants bruleront sur un bucher. 

L’air « Casta Diva » ouvre l’opéra : Chaste déesse, Toi qui baignes d’une lumière argentée ces antiques bosquets sacrés, Tourne vers nous ton beau visage sans nuage et sans voile! Apaise, ô Déesse, Apaise la fureur ardente, Apaise pour l’instant le zèle guerrier ; Répands sur la terre la paix que tu fais régner dans le ciel.[1] En réalité tout est mensonge et trahison dans cette affaire. Personne n’est chaste, les passions sont exacerbées. Norma a trahi son peuple, Pollione la trahit. Et tout cela donne une musique qui stupéfie tout le monde au point d’être devenu un standard de la publicité (Jean-Paul Gauthier, l’Or expresso, Alfa Romeo, l’interdiction des armes)

Pasolini se souviendra de cela en confiant à Callas le rôle quasi muet de Médée dans son film éponyme.

Plus d’infos

Les enregistrements de Callas chez EMI sont trouvables sur les plates-formes comme Amazon music ou en CD. Une intégrale des enregistrements studio existe aussi. Le film Médée est trouvable en DVD ou Blue Ray.


[1] Dictionnaire-simple

https://dictionnaire-simple.fandom.com/fr/wiki/Casta_diva_-_Norma_–_Paroles_et_traduction