C’était la dernière édition de la fête de l’humanité en Seine-Saint-Denis les 10, 11 et 12 septembre dernier, avant de rejoindre son nouveau site l’année prochaine à bretigny dans l’Essonne. Retour sur ce week-end radieux dans le parc départemental de La Courneuve.
La fête de l’Humanité, organisé tous les ans par le journal de L’Humanité, a retrouvé son public le week-end du 10 au 12 septembre dernier, après avoir été contraint d’annuler son édition de l’année dernière à cause de la pandémie. Une édition toute particulière puisque c’était la dernière au Parc Georges Valbon en Seine-Saint-Denis. L’année prochaine, le rendez-vous politique et culturel prendra ses quartiers sur l’ex base aérienne du Plessis-Pâté dans l’Essonne, abandonnant ainsi le parc qu’il occupe depuis 1999 et qui accueillera le village des médias pour les Jeux olympiques de paris 2024.
Crise sanitaire oblige et afin de respecter la distanciation sociale, ils n’étaient que quelques 40.000 festivaliers à fouler la pelouse de l’Aire des vents de Dugny, là où habituellement on peut compter jusqu’à 150.000 personnes au grand rassemblement des forces de gauche. Le parc a également été occupé seulement en partie, puisque au lieu des 50 hectares occupés traditionnellement, le festival a revu ses ambitions à la baisse en n’occupant que 16 hectares.
Ça débat toujours
l’Agora de l’Humanité, le lieu de débats du journal, toujours bien située au centre, n’a pas pour autant désempli, en accueillant un parterre de responsables politiques de différents bords. L’un des moments forts de ce week-end était le débat entre le Secrétaire général de la CGT Philippe Martinez et le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Entre les envolées sans fin du syndicaliste et les éléments de langage de la voix officielle du gouvernement, on avait parfois du mal à saisir le vrai du faux.
Une programmation éclectique
Côté musique, la scène Angela Devi’s (grande scène), située devant un grand terrain vague pouvant accueillir jusqu’à 100.000 personnes, est toujours la plus prisée. Fatoumata Diawara y a fait ses preuves en ouverture du festival, en inondant le public de sa musique engagée. Le samedi c’était au tour du jeune Hervé de faire sensation derrière son piano avant de terminer suspendu aux barres de la grande scène, excitant la foule. Quel équilibriste ce Hervé!

Autre lieu, autre ambiance, le quatuor de rock Dionysos, amené par le charismatique Mathias Malzieu, retourne la scène Zebrock Nina Simone armé de son nouvel album Time Machine Expérience.
Yseult nous fera pleurer une fois de plus avec son concert à capella le dimanche, devant un public conquis qui l’acclamera à n’en plus finir à la fin de sa prestation. Le grand Alain Souchon viendra plus tard mettre facilement toute cette « foule sentimentale » qui n’a d’yeux que pour lui, dans sa poche. nous permettant de nous éclipser pour terminer cette édition en compagnie de Boulevard des Airs sur la scène Joséphine Baker.
Le rap fait (toujours) des vagues
Sofiane, ou Fianso pour les plus aguerris, sera le premier rappeur à donner le ton de cette édition, en mettant le public en ébullition le vendredi soir. « J’en ai rêvé très longtemps alors merci l’Huma » déclare-t-il, presque ému aux larmes et sans faire de vagues. S’il y’a bien un qui fera des vagues, c’est le rappeur marseillais Soso Maness. Le jeune homme qui a eu quelques soucis avec la police par le passé pour des affaires de stupéfiants, va inviter le public à reprendre en chœur « tout le monde déteste la police ». Une provocation gratuite, peu de temps après avoir taxé le film « Bac Nord » de Cédric Jimenez, de « grosse merde » et qui fera polémique dès le lendemain matin, poussant le ministre de l’intérieur et les syndicats de police, à monter au créneau.

Heureusement que le public pouvait compter sur les marseillais de IAM le samedi soir, pour ramener tout le monde dans le droit chemin. Les pionniers du rap français effectuaient leur grand retour sur la grande scène pour apaiser les esprits, eux qui ont déjà mis le feu sur cette même scène à deux reprises par le passé.
Avant de rejoindre son nouveau site l’année prochaine, la fête de l’humanité a prouvé qu’elle pouvait encore rassembler au sortir d’une année chaotique pour la culture. La traditionnelle fête de la gauche change de département, mais n’a rien perdu de son âme, elle sera au rendez-vous l’année prochaine et confirmera son pouvoir de rassemblement.