Annulé l’année dernière pour cause de pandémie, Le MaMA festival & Convention était de retour les 13, 14 et 15 octobre 2021 dans les quartiers de Pigalle et Montmartre où 80 concerts ont eu lieu dans 8 salles mythiques. On vous fait revivre cette édition spéciale retour à la vie.

Ça nous avait manqué l’année dernière, cette déambulation entre les différentes salles de spectacles des quartiers de Pigalle et Montmartre pendant le MaMA Festival & Convention. On était heureux de pouvoir à nouveau se balader de concerts en concerts les 13, 14 et 15 octobre dernier et de découvrir des artistes émergents ou confirmés, que proposait la programmation de cette 12ème édition. Les débats et autres conférences avaient lieu en journée. Entre la place de la femme dans l’industrie musicale et l’impact de la pandémie sur le secteur culturel, tout le monde trouvait son compte dans ces rencontres. Des échanges qui à chaque fois attiraient grand monde, tant les sujets étaient d’importance et apportaient des réponses sur l’état du marché des musiques actuelles.

Une partie des rencontres avaient lieu dans l’enceinte de l’Élysée Montmartre

Pendant 3 jours, plus de 6.500 professionnels de la filière musique et 5170 festivaliers venus d’ici et d’ailleurs ont répondu présents à l’événement qui est un rendez-vous incontournable depuis 2009. Même si cette année, il fallait faire checker son pass sanitaire tous les jours dans un espace dédié sur le terre-plein central du boulevard de Rochechouart et recevoir en retour un bracelet qui vous permettait d’accéder dans les huit salles, réquisitionnées pour l’occasion, sans avoir à ressortir votre mobile. Parmi les salles qui accueillent le public cette année, le Carmen et Le Bus Palladium ( qu’on aime bien à la rédaction ), manquent à l’appel. Qu’à cela ne tienne, tout le monde a pu profiter de la programmation éclectique de cette édition spéciale qui marquait le retour de la musique et avait à cœur de « valoriser la scène française et européenne ». Parmi les 121 artistes ou groupes programmés, nous n’avons malheureusement pas pu voir tout le monde faute de temps et parfois par manque de places dans des espaces qui s’avèrent trop petits pour accueillir tout le monde, mais nous avons eu de belles surprises. Et si on revenait sur ces trois soirées mémorables ? Vous êtes prêts pour le marathon ? ( même si celui de paris a déjà eu lieu ). C’est parti !!!

Un marathon de 3 jours

Notre première soirée marathon commence par une déception. Désolé Thérèse, malgré notre arrivée trente minutes avant le début du concert au théâtre des Dix heures, nous n’avons pas pu assister à sa prestation, pareil pour UssaR. Et nous n’étions pas les seuls devant la salle à patienter pour rien, sans recevoir la moindre information des équipes du lieu, à qui s’était trop demander que de nous faire savoir que ca ne servait à rien d’attendre sous le froid. Surtout qu’on pouvait profiter de ce temps perdu pour aller découvrir d’autres artistes programmés à la même heure. Mais on ne s’en formalise pas, on trouvera toujours d’autres occasions d’aller les applaudir sur scène.

Plus tard en passant devant le théâtre des Trois Baudets où se produisait Terrier, on pouvait lire la déception sur des visages, certainement des personnes qui se sont faites refouler par manque de places. On ne s’arrête pas, toute façon on ne l’avait pas prévu au programme car nous l’avons vu sur scène à plusieurs occasions. C’est l’effervescence dans le quartier, les trottoirs sont jonchés de monde et on a du mal à se faufiler au milieu de cette foule. Le quartier a retrouvé ses couleurs et son public du MaMA et c’est beau à voir.

De jolies découvertes : Sopico, Moji x Sboy, The Doug, Spelim

Première découverte de cette édition spéciale, le rappeur et guitariste Sopico qui nous a fait forte impression le premier soir à La Cigale, veille de la sortie de son premier album physique Nuage. Il faut dire que le rappeur parisien qu’on a pu voir dans la série de Netflix The Eddy, était très attendu par une horde de fans postés devant la scène, qu’il a abreuvé de ses textes. Un voyage spirituel où la chanson française, le rock et le rap, ont mis le public sur un petit « Nuage ». A noter aussi que c’est la première fois qu’on voit un rappeur sur scène avec une guitare, ça nous a un peu intrigué au départ, mais les meilleurs moments de ce concert, ont les doit aux passages guitare voix. C’était à la fois fort et sincère. C’était Sopicool !!!

Un peu plus tôt dans la soirée avant Sopico, ce sont les deux amis d’enfance belges Moji & Sboy, qu’on avait découvert au Festival les Ardentes à liège en 2019, qui ont marqué leur territoire sur cette même scène de La Cigale. Leur symbiose sur scène est frappante lorsqu’ils font résonner leur trap (le nouveau rap des jeunes) dans toute la salle. Les deux artistes connus pour leur titre « Ma go » au plus de 15 millions de vues sur YouTube, viennent juste de sortir leur premier album Temps d’aime.

On a eu peur jeudi après-midi en arrivant au théâtre de l’Atalante, où avait lieu des showcases organisés par La Coopérative de Mai à qui le MaMA avait donné carte blanche. On se voyait déjà revivre le même scénario de la veille au théâtre de Dix Heures. En apercevant la queue devant l’entrée, on s’est dit que le sort s’acharnait contre nous, mais on s’était trompé. Nous avons finalement pu rentrer dans ce théâtre cosy, mais très chaleureux. Et si nous avons fait le déplacement, c’était pour assister au showcase du chanteur et multi instrumentiste Spelim (anagramme de simple) avant que ce dernier ne nous accorde une interview à retrouver très prochainement sur Phenixwebtv.com.

Même si nous avons pu rentrer dans la salle avec un quart d’heure de retard, nous avons quand même pu mettre à profit l’autre quart d’heure pour profiter des mélodies entêtantes du clermontois qu’on suit depuis un moment à travers ces différents singles. Sa performance nous a plongé en plein dans l’univers de son premier EP Colors qui sortira le mois prochain.

On n’avait pas prévu d’assister au showcase de The Doug. Ayant finalement eu un peu de temps devant nous avant notre rendez-vous interview avec Spelim, on s’est laissé convaincre par les organisateurs d’aller à la découverte de ce jeune artiste. Nous avons donc fait d’une pierre deux coups. Accompagnée de sa guitare en bandoulière accordée à sa voix éraillée, l’artiste à « La mauvaise réputation » nous fera frémir sur notre banquette. « C’est parce que vous n’avez rien d’autre à faire l’après-midi que vous êtes là », lance-t-il à la cantonade et ça fait son petit effet. La salle un brin crispée, se detent. Ce fut un voyage guitare-voix fort intéressant durant lequel il n’était pas nécessaire de sortir « Les Calmants », pour nous apaiser.

Les étoiles montantes : Ko Shin Moon, Le Noiseur, Adam Carpels, Romain Muller…

Le Backstage by the Mill grouille de monde en cette première soirée, les verres de bière s’entrechoquent dans la joie des retrouvailles et des conversations qui vont bon train. Sur la scène, on distingue à peine Axel Moon et Niko Shin qui forment le duo Ko Shin Moon. La faute à la foule bien compacte comme un seul homme dans cette petite fosse où il faut jouer des coudes pour espérer se frayer un chemin. Lauréat 2020 du Prix Ricard Live, le duo fera transpirer le public avec ses sonorités orientales portées par des instruments traditionnels qui invitent à la danse. Alors on danse au son des rythmes exotiques au point de s’oublier.

Autre salle autre ambiance. La Boule Noire nous accueille dans ses entrailles pour notre dernier concert de la soirée. On tenait absolument à assister au show de Le Noiseur, dont certains en raffolent à la rédaction. Jugeant son entrée sur scène un peu timide, il recommencera en demandant au public de lui réserver une entrée digne d’un concert au stade de France sur son titre « Musique de stade ». Tout le monde se prend au jeu, ce qui apporte de la joie chez l’artiste qu’on trouvait un peu triste à notre arrivée. Son univers assez mélancolique est parfait pour ceux qui ont décidé de terminer la soirée avec lui. Il poussera encore la rigolade loin en nous interprétant « Je m’appelle Hélène » le générique de la série Hélène et Les garçons.

Jeudi en début d’après-midi, nous avons enfin pu assister au showcase du producteur lillois Adam Carpels. Le génie de l’electronica, qui joue désormais sa propre partition, était habitué à évoluer dans l’ombre d’autres artistes sur scène comme en studio. C’est d’ailleurs grâce à Thérèse que nous l’avons connu l’année dernière, puisqu’il produit son nouveau projet et l’accompagne également sur scène. C’est seul cette fois-ci sur la scène du Fgo-barbara, que l’artiste qui fait désormais parti de la scène électronique française, nous offrira un live sur machines qui retranscrit la dimension cinématographique de son projet. Sa musique organique ne souffre d’aucune frontière, puisqu’elle s’attelle à allier bass music, hip-hop et electronica, à l’image de son nouveau single « Dune Noire », dont l’illustration devrait être dévoilée d’ici quelques semaines.

En fin d’après-midi, nous sommes de retour au Fgo-Barbara pour profiter de la pop acidulée de Romain Muller. Sous une lumière aveuglante, l’interprète de « Bain de minuit », nous servira une partie des titres de son premier album Parallèle, composé durant le confinement. Entre ambiance disco très dansante et mélancolie douce, il nous plonge dans un univers éclectique avec cette pop à la fois intimiste et très solaire.

On avait loupé le duo lyonnais Ojos (les yeux en espagnol) en première partie du concert d’adieu de Thérapie Taxi à l’Olympia le mois dernier et cela s’est joué à peu de choses cette fois-ci, puisque nous arriverons cinq minutes avant la fin du show au Backstage by The Mills. Sur scène, Elodie et Hadrien servent leur pop couplé à la musique urbaine devant un public assez réceptif, qui semble connaitre par cœur les paroles de la chanson d’inspiration latine et espagnole « Coeur sans visage », extrait de leur nouvel EP Volcans.

Les femmes à l’honneur : Davinhor, Thaïs Lona, Crystal Murray, November ultra, Joy.D, Yndi, Lucie Antunes, DeLaurentis…

Et les artistes féminines dans tout ça ? A l’heure où on parle de la place des femmes dans l’industrie musicale, la 12ème édition du MaMA a fait la part belle aux artistes féminines avec une représentation de 65% dans sa programmation.

En provenance de la Seine-Saint-Denis la rappeuse Davinhor, n’aura « Pas de sentiments », ni froid aux yeux, quand il s’agira de retourner La Cigale le premier soir. Entre rap et chant, ses textes bien ficelés trouvent échos auprès d’un public un peu timide au départ, qui fini par se laisser séduire par les histoires de galère de cette rappeuse qui n’a pas sa langue dans sa poche.

On se presse du côté de la Machine Rouge du Moulin Rouge, où la franco-capverdienne Thaïs Lona est déjà sur scène et offre au public un peu de lâcher prise avec sa chanson un brin introspective « words ». La petite protégée du trompettiste Ibrahim Maalouf, signée sur son label Mister Ibé, dévoilait en avril dernier son premier EP Dancing Again, dont il sera beaucoup question ce soir. Sa musique qui oscille entre RnB, Soul et Rap, est très influencée par les productions nord-américaines et apporte du cachet à l’univers néo-soul qu’elle défend.

Jeudi soir, on assistait pour la 2ème fois à la prestation de Crystal Murray. La première fois, c’était en juin dernier au festival La Magnifique Society où elle nous avait fait forte impression. Ce soir, c’est sa première fois au MaMA Festival et dans la mythique salle de La Cigale, où elle a conquis le public venu en masse, quelques heures seulement après la sortie de son nouveau single « To much to taste ». Son électro pop, couplé à la soul, a fait des flammes, tout comme sa tenue, un ensemble cuir rouge qui épousait la luminosité de la soirée. Une soirée qui s’annonçait sold out depuis la veille.

Moment de frissons avec November Ultra

On avait beaucoup entendu parler de November Ultra, de ce frisson qui vous envahi quand elle monte sur scène, et bien nos sources n’avaient pas torts. Elle nous a littéralement scotché avec son show en acoustique ! D’une décontraction à toute épreuve elle a bercé le public avec ses chansons douces. Une assemblée tout oui qui l’écoutait religieusement, tant l’ambiance était parfumée d’émotions. Elle chantera sur la rupture, en prenant le soin de nous prévenir qu’avec elle, ce soir nous ne sommes pas en rupture. Elle nous embarquera ensuite pour une virée langoureuse, faisant de nous sa moitié, à l’image d’une « Thelma et Louise ».

Le grand moment de frissons viendra avec cette chanson en espagnole inspirée par son grand-père. Elle n’en a peut-être pas conscience, mais ce soir c’est elle notre Queen et elle annonce la couleur de cette dernière soirée. Pour ceux qui ne connaissent pas encore November Ultra, on vous conseille de ne pas passer à côté du phénomène. Malheureusement son concert à La Boule Noire le mois prochain affiche complet, mais vous pouvez toujours découvrir son univers à travers le mini maxi sorti en juin dernier et surveillez les dates de sa prochaine tournée.

Juste après, à quelques pas de là, c’est un petit grain de voix et une ressemblance frappante avec Emily King qui nous attire. Avec un seul titre en français Joy.d et sa bande nous feront « chavire(r)» dans un univers soul pop qui nous a profondément bouleverser le dernier soir à La Boule Noire. Un beau mélange d’humains et d’énergie qu’on a eu la chance de vivre, contrairement à d’autres qui n’ont pas pu rentrer faute de places.

On retourne à La cigale où L’artiste et productrice Franco-Brésilienne Yndi, anciennement connu sous le nom de scène Dream Koala, nous servira une Bossanova revisité. L’artiste qu’on découvre sur scène ce vendredi soir entourée de ses deux musiciens, nous présentera les morceaux extrait de son nouvel album Noir Brésil, dévoilé le 28 mai dernier.

Le show dantesque de Lucie antunes nous a mis une claque

Elle se dit impressionnée « nous aussi » lance une voix dans la foule et elle n’a pas tord. Ce petit bout de femme accompagnée par le collectif Scale et entourée de ses machines nous impressionne par sa maîtrise instrumentale. Un talent fou pour passer ainsi d’un instrument à l’autre dans un laps de temps. C’est beau et spectaculaire. Elle est magistrale sur « Jacob », une dextérité étonnante, la standing ovation qui suit n’est pas démérité.

Son électro Live, porté par des percussions et des vocalises gutturales nous laisse bouche bée. On retrouve les jeux de lumières synchronisés à sa performance comme on a pu l’apercevoir dans le clip de « LNM », le premier extrait de son prochain EP. Une scénographie qui ne laisse pas de place à l’improvisation. Ce soir la directrice artistique et également metteur en scène a sorti sa casquette de performeuse pour nous faire voyager. Celle qui s’est associée à Yusek après avoir fait ses armes aux côtés de Moodoïd et Aquaserge, évolue désormais en solo pour notre plus grand bien. On attend avec impatience son prochain EP LNM

On termine cette édition avec la performance live de la productrice DeLaurentis à La Boule Noire, à deux pas de La Cigale, où le monde se presse déjà. L’artiste toulousaine qui vient de dévoiler son produit album Unica, se produit ce soir dans le cadre des concerts de la Société Civile des Producteurs Phonographiques. Contrairement à sa consœur Lucie Antunes tout à l’heure, DeLaurentis est seule sur scène, entourée de ses machines. Il est justement question de machines dans son denier album. En présentant les titres de ce dernier au public, c’est en fait l’histoire de sa sœur numérique qu’elle nous conte. Ces machines qu’elles considèrent comme des amies et dont elle est heureuse d’avoir fait la connaissance.

Le MaMA reviendra plus fort

Malgré quelques déceptions de ne pas pouvoir assister à certains concerts à cause des jauges réduites et du manque de communication des équipes, nous avons quand même pu profiter intensément de la programmation musicale des trois soirs. En bons mélomanes, nous avons essayé autant que possible, de profiter de ce retour à la vie et surtout d’encourager les artistes qui pour certains, n’étaient pas remontés sur scène depuis la pandémie.

Une édition qui a rencontré un grand succès et battu son record de fréquentation avec plus de 6.500 professionnels et 5170 festivaliers. Rendez-vous l’année prochaine du 12 au 14 octobre 2022, pour une 13e édition qui on l’espère, ne souffrira d’aucune contrainte sanitaire.