En novembre 2021, paraît en exclusivité sur Disney + un documentaire sur les Beatles. Il est signé Peter Jackson (le réalisateur du Seigneur des Anneaux, du Hobbit, et du dernier King Kong). Il se base sur des images tournées à l’occasion de la production du dernier film sorti des Beatles.

C’est l’occasion de revenir sur les Beatles et leur incroyable succès. J’ai écris dans une autre chronique que Paul McCartney était « le plus grand compositeur de notre temps ». Ce jugement peut faire l’objet de contestation, chacun y allant de sa préférence, en fonction de son âge, de la musique qu’il aime… Mais pour être admiré il faut être connu et de ce coté là McCartney ne craint personne. 272 millions de ventes de disques certifiées avec les Beatles, 60 millions en tant que chanteur solo. Des statistiques largement au dessus de n’importe quel autre artiste, et qui n’ont aucune chance d’être battues depuis que le MP3 et le téléchargement sont devenus les modes principaux de diffusion de la musique. Ajoutons que les reprises de leurs morceaux sont innombrables et portent leur message dans toutes les directions : classique, jazz, world music, rap, R&B.

Cet extraordinaire succès tient entre autre au fait qu’ils sont pratiquement les seuls artistes à avoir connu du succès dans deux époques de l’histoire de la musique. Ils surgissent à l’époque du 45T. A ce moment là, les jeunes, principaux consommateurs de musique n’achètent que des disques avec 2 ou 4 titres. Les premiers albums 33T ne sont que des compilations. C’est l’ère de la beatlemania (62-66), des films.

Puis l’industrie du disque change, les moyens des clients augmentent et les coûts de production baissent. A partir de  Rubber Soul, les albums 33T deviennent les meilleures ventes. Les Beatles s’adaptent à un nouveau contexte, proposent des titres aux harmonies plus complexes, ajoutent de nouveaux instruments, bref enrichissent leur musique. Sergent Pepper lonely heart club band, et Abbey Road représentent le sommet de cette deuxième époque. Le White Album et Let it be, les deux œuvres produites à la même époque, sont plutôt des tentatives de revenir à la simplicité du début. 

Yesterday est à la croisée de ces deux périodes.  Une mélodie d’une extrême simplicité qui arriva à McCartney dans son sommeil. Des paroles nostalgiques ponctuent le texte. C’est Lennon qui a eu l’idée que Paul soit seul avec sa guitare pour l’enregistrement de cette chanson. C’est Georges Martin leur producteur habituel qui propose l’accompagnement d’un quatuor à cordes. Les compositeurs sont réticents à cette orchestration. Les cordes, c’est le retour au monde d’avant, celui des crooners et des grands orchestres que le rock a ringardisé. Finalement, ils se laissent faire et Yesterday devient un tube monstrueux. Les plus grands l’ont reprise Presley, Ray Charles, Marvin Gaye. Wikipédia indique qu’il y a plus de 3000 versions par des chanteurs différents et plus de 7 millions de passages en radio de 1965 à 2000. 

Telle est la magie unique des Beatles qui explique que cinquante ans après, Disney mette le paquet sur un documentaire les concernant pour relancer ses abonnements.