Le duo rennais Barbara Rivage assurait la première partie du rappeur Lujipeka durant cinq soirées à l’Aire Libre, dans le cadre des Trans Musicales de Rennes du 1er au 5 décembre dernier. Rencontre avec un groupe prometteur

Le week-end dernier, nous avons pris part à la 43ème édition des Rencontres Trans Musicales de Rennes qui retrouvait son public après une édition virtuelle en 2020. L’occasion d’aller à la rencontre du nouveau duo pop-rock breton Barbara Rivage, programmé durant cinq soirées d’affilée en 1ère partie de leur confrère rappeur Lujipeka, également originaire du coin et à qui le festival avait donné carte blanche pour une création à l’Aire Libre.

Tandem aussi bien sur scène qu’à la ville, Barbara Rivage est né de la rencontre entre Roxane Argouin (chant/clavier) et Vivien Tacinelli (guitare/chant), qui préparent actuellement la sortie de leur premier projet prévue pour 2022. Le public rennais a pu apprécier la beauté de l’univers pop de ce binôme au cours d’un live psychédélique porté par la voix grave de Roxane et l’enchaînement des accords de guitare signé Vivien. Une semaine après la sortie de leur nouveau single « Les oiseaux », accompagné d’un joli clip ensorcelant tourné en plan séquence, le duo ouvre la cage aux oiseaux et se confie.

A quand remonte la naissance de Barbara rivage ?

Vivien : On s’est rencontré il y a 5 ans avec Roxane à Angers où elle était étudiante aux beaux-arts, moi j’étais en free-lance, on s’est rencontré par le biais d’amis. Après on a commencé à faire de la musique ensemble, de fil en aiguille on a commencé à créer des chansons, on avait pas mal de titres et on s’est dit que ce serait cool de se produire sur scène.

Barbara Rivage – © Louise Quignon

Comment s’est imposé le choix de Barbara Rivage comme nom de groupe ?

Roxane : On voulait personnifier le nom du groupe et en même temps on voulait quelque chose qui représente le duo. Du coup on a créé une sorte de personnage qui serait un peu l’identité d’un mélange de Vivien et moi.

Vivien : Le choix du prénom féminin s’est imposé parce que ça nous représentait et Rivage c’est un mot qui se trouvait dans l’un des textes de Roxane.

Avant de former votre duo, est-ce que individuellement vous faisiez déjà de la musique ?

Roxane : On faisait déjà de la musique mais on n’avait pas de groupe. Depuis toujours on en fait, nous sommes des autodidactes et on compose tout le temps.

Vous faites partie des huit groupes rennais retenus pour cette 43ème édition des Trans Musicales, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Roxane : On est trop content, en plus on est arrivé sur Rennes il n’y a que deux ans et on a été très vite intégré dans le paysage musical. On a un vrai Public rennais et on est tres reconnaissant de ça. Jouer aux Trans Musicales, c’est un peu la consécration pour un jeune groupe comme le nôtre. Ce festival rennais reconnu en France et à l’international comme dénicheur de talents.

Vivien : On joue à l’Aire libre durant cinq soirées consécutives, c’est vraiment une expérience qui est différente du fait d’enchaîner des concerts dans des endroits différents où on doit se reapproprier les lieux chaque soir et puis les humeurs couplées au trajets, ça créent des émotions à l’intérieur. Alors que là, on se sent un peu chez nous, quand on rentre on se sent soulagés d’arriver au théâtre, même si le public change tous les soirs, on a nos repères, on peut donner autre chose que ce qu’on fait habituellement.

Si j’ai bien compris vous n’êtes pas originaire du coin ?

Roxane : Je suis originaire de Bretagne pas loin et j’ai fait mes études à Anger où est originaire Vivien.

Comment s’est passée la préparation du live que vous proposez durant le festival ?

Roxane : Depuis cet été on travaille sur de nouvelles chansons (elles sont toutes nouvelles pour le public qui nous a jamais vu, pour nous il y a des anciennes et des nouvelles ), du coup c’est un mélange des récentes et des plus anciennes. On a fait une résidence il y a deux semaines au nouvel Antipode à Rennes, on avait en amont déjà travaillé les prods et là on a pu faire une création lumière avec nos techniciens.

Vous jouez cinq soirs d’affilé en première partie du rappeur Lujipeka, un univers différent du votre. Vous n’avez pas l’impression que le public est plutôt là pour le rappeur ?

Roxane : Le public vient pour Lujipeka certes, mais il y a quand même des personnes qui viennent pour nous.

Vivien : Le public vient aussi pour la découverte. Ce qu’on nous a aussi dit c’est l’Aire libre est un endroit où les gens y vont un peu les yeux fermés, parce qu’ils font confiance aux Trans pour ce créneau là. Après on remarque quand même que les gens chantent les chansons de Lujipeka, donc évidemment c’est son public. Mais j’ai l’impression que son public aime bien ce qu’on fait puisqu’on a de beaux retours chaque soir sur les réseaux sociaux. Les gens sont vraiment hyper réceptifs pendant les concerts, c’est la première fois qu’on vit ça, les gens se lèvent, ça applaudit, ça danse, alors qu’on est dans un théâtre qui normalement est assis. C’est hyper agréable de rencontrer le public de Lujipeka et tous les gens qui viennent nous voir.

Avez-vous une attente particulière de cette édition des Trans Musicales ?

Roxane : Oui il y a une attente, dans le sens où on nous a tellement dit que c’était le moment où il y avait une visibilité du monde professionnel, que c’était un peu « The Moment » pour un artiste, notamment à l’Air Libre. Donc on a forcément des attentes , mais on essaie de pas trop en avoir non plus, parce qu’on ne veut pas être déçu et on ne veut pas non plus dépendre d’une réponse ou d’une manifestation d’une opportunité. On essaie aussi de se projeter dans l’après.

Vivien : On est dans d’une vision où on aimerait bien être accompagné par un label, mais si ça ne se présente pas et qu’il faut continuer en indépendant, on continu en indépendant. L’idée c’est de faire de la musique, ce qu’on aime, c’est ce qui nous fait vibrer, on va continuer à le faire quoi qu’il arrive. S’il y a de belles rencontres qui se font ou de projets cools qui nous sont proposés, on ira.

Vous avez sans doute profiter de cette occasion pour aller jouer d’autres artistes ?

Roxane : Pas vraiment, mais normalement on doit aller voir vite fait Ottis Cœur qui est actuellement à l’étage. Mais sinon, on ne préférait pas parce qu’on voulait vraiment être dans une bulle et rester focus sur le concert.

Vivien : On préférait aussi se préserver pour dimanche, parce que je pense qu’on va vraiment fêter ça tous ensemble. On va relâcher un peu plus la pression, on pourra se coucher un peu plus tard et profiter vraiment.

Barbara Rivage – © Louise Quignon

Roxane est la voix du duo et Vivien à la guitare, mais au niveau de la composition, vous travaillez différemment ?

Roxane : Le début de la composition est assez intime, comme on compose de notre côté depuis toujours, on fonctionne toujours pareil où chacun fait sa musique dans son coin. Moi j’aime bien travailler toute seule et quand je sens que je suis un peu bloquée et que je voudrais aller plus loin, Vivien il rajoute ses arrangement derrière. Ou inversement il va créer une musique et moi je vais poser ma voix, rajouter un clavier. Il n’y a pas vraiment de règles, après les textes c’est plutôt moi, sinon la composition c’est vraiment du 50/50. C’est toujours assez équilibré.

Est-ce qu’il y a un message caché dans votre dernier single Les oiseaux ?

Roxane : il y a un peu une image cachée. C’est vrai que j’écris assez de manière métaphorique, Les oiseaux représentent un être humain coincé dans une relation assez toxique, sous l’emprise de quelqu’un ou quelque chose. Du coup, « Les oiseaux », c’était un peu pour imager l’oiseau en cage enfermé dans cette relation assez toxique et à la fin de la chanson, c’est une libération pour ses oiseaux.

Au niveau du clip, il paraît que vous l’avez tourné vous-mêmes c’était une première ?

Vivien : Oui (rire). On avait essayé de faire des choses un peu plus produites, pour des raisons esthétiques et on était pas vraiment satisfait. Et là on avait eu vraiment cette volonté de réaliser quelque chose de très pur, très simple avec un plan séquence, et uniquement tous les deux, vraiment en intime. Pour cela on est parti à la plage de la Mine d’or qui se trouve dans le sud de la Bretagne, on avait la caméra et on a décidé de faire ça.

Roxane : On a fait 20 prises et la dernière était la bonne, juste au moment où le soleil allait disparaître.

« Je ne suis rien sans toi, je ne partirai pas sans toi », cette citation tirée de votre répertoire résume assez bien votre relation ?

Roxane : C’est vrai, ça résume assez bien notre duo, notre relation amicale, amoureuse,… ça représente un peu tout ça.

Vivien : On est des bons alliés, la vie est assez complexe, je pense qu’ensemble on arrive à se rassurer, à voir les choses d’une manière positive et avancer.

Est-ce que vous avez été touché par la crise ?

Roxane : Oui et non, dans le sens où quand ça a commencé on était encore tout seul, en train de faire des tremplins et de se présenter plutôt à des professionnels. On a pu participer aux Inouis du Printemps de Bourges, on a réussi à trouver notre tourneur, notre manageur aussi, donc ça ne nous a pas trop impacté. On n’a pas eu de concerts annulés, on a eu trop de chance, on est passé entre les mailles du filet. Mais là je pense que si ça recommence on risque d’être impacté, parce qu’on aimerait bien que 2022 soit l’année des concerts où on pourra défendre nos chansons.

Dans le milieu assez particulier qui est le vôtre, quels sont les artistes qui vous inspirent ou avec lesquels vous vous sentez dans votre élément ?

Roxane : Au tout début quand on créait les chansons, on n’avait pas forcément d’inspiration particulière, évidemment on écoutait la musique d’autres. Aujourd’hui on écoute beaucoup plus la musique en cherchant à s’inspirer et de nouveaux sons pour rester à jour. On adore des groupes comme Daft Punk, les Strokss, et puis après on va aussi écouter Fishbach, Pr2b, Parcels… des choses assez différentes.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

Roxane : Notre rêve serait de sortir un album ou un EP, mais on a beaucoup d’exigences donc on veut le faire vraiment bien. On attend d’avoir des moyens pour ça. Un bel album et surtout de pouvoir le défendre sur scène, c’est notre rêve.

Plus d’infos

Les oiseaux, le nouveau single de Barbara Rivage est disponible sur toutes les plateformes.

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