Les montréalais de Clay and friends étaient de passage en France au début du mois pour présenter leur nouvel EP rafraîchissant “Agua“. Rencontre en mode feel good avec Mike et son gang
Ils sont tous là les cinq montréalais de Clay and Friends qui se sont taillés une belle popularité au Canada avec la Musica Popular de Verdun couplée à leurs concerts déjantés et participatifs. Ils ont traversé l’Atlantique pour un mini tour d’Europe avec pour premier stop la France. Une tournée qui intervient deux ans après une première rencontre furtive avec le public français à la Maroquinerie, avant que le reste de la tournée ne soit annulée à cause de la pandémie mondiale qui allait mettre le monde sous cloche.
La bande à Mike Clay (chanteur) composé de Pops (guitare), Emile (piano), Poolboy (beatmaker) et Pascal (bassiste), a fait le déplacement au grand complet cette fois-ci, contrairement à 2020 où il n’était que trois à avoir traversé l’Atlantique pour défendre leur projet de l’époque Grouillade. Cinq têtes à l’humeur joyeuse très contagieuse, qui viennent nous présenter leur dernier EP Aguá. Un nouveau projet à l’image de leur univers qui oscille entre funk, pop, hip-hop et soul, le tout en jonglant entre la langue de Molière et celle de shakespeare. Un condensé de chansons qui donnent la pêche et poussent au relâchement comme a pu l’apprécier le public du Pop Up du Label le 14 mars dernier.
Quelques jours après leur arrivée sur paris et avant d’entamer cette tournée marathon qui les a conduit jusqu’au Festival Voix de Fête en suisse le 18 mars dernier, le boy band nous a reçu pour un échange au cours duquel l’eau n’a pas fait que couler à flot.
Qu’est-ce qui s’est passé depuis La Musica Popular de Verdun en 2019 ?
Mike : Plusieurs choses, on a sorti deux projets : « Grouillades » en 2020 et « Aguá » en fin d’année dernière. On a fait plusieurs centaines de dates, on a gagné un Grand Prix au Canada, plusieurs titres, dont la revelation de Radio Canada. On a sorti des visuels, notamment « Bouge ton thang ». On a été assez occupé, même si ce n’était qu’à l’intérieur des frontières canadiennes.
« Bois de l’eau et appelle ta mum »
Clay and Friends
Votre dernier EP sorti en novembre s’intitule Aguá qui se traduit par eau. Pourquoi avoir choisi de composer un album autour de l’univers aquatique ?
Pops : l’eau est un thème fulgurant dans l’album. C’est un concept qui englobe tout. L’eau nous a suivi tout au long du processus créatif. On va sortir quatre autres titres qui viendront compléter cet EP pour en faire un album.
Mike : exact! On a commencé à composer dans le nord du Québec en Gaspésie, on a redescendu le fleuve jusqu’à Montréal et après on s’est retrouvé au Salvador. D’ailleurs, le mantra du projet c’est « bois de l’eau et appelle ta mum ». Nous sommes composé en grande partie d’eau, quand on danse on sue et quand on pleure des larmes coulent. C’est quelque chose qui fait partie du spectre des émotions.
Votre nouvel EP est composé de six titres, vous les avez travaillé comment ? Avant ou après le confinement ?
Poolboy : Pendant le confinement on a fait une tournée en Gaspésie au Québec, on s’est pris un chalet et on ne faisait que composer 24/24h. Et puis en faisant les spectacles, on regardait ce qui marchait avec le public.
Mike : C’est un projet qui est différent de tout ce qu’on a pu faire jusqu’à présent. Avant on avait la possibilité de littéralement composer en live. On faisait le show et j’allais voir quelqu’un dans la salle pour lui demander un mot, comme tu as pu nous voir le faire à la Maroquinerie. Tandis que là on était vraiment entre nous en studio, ce qui s’est retrouvé sur l’EP, c’est un peu un best off des 30 40 idées qu’on a pu avoir.
Un nouvel EP porté par le single “Bouge ton Thang“, un terme dont on vous laisse le soin d’expliquer
Pops : Ça veut dire bouge ton popotin (rire). C’était au début de l’été, tout le monde sortait d’un long couvre-feu à Montréal. Je pense que le timing de la sortie était super bien calé et puis la réponse a été positive.
Est-ce que la crise n’a pas été stoppé votre lancée ?
Pops : Quand la crise a débuté on était à lyon, on a du rebroussé chemin. On était sur une super bonne lancée en France, ça a un peu mis les bâtons dans les roues, mais au Québec ça ne nous a pas trop affecté.
Mike : La preuve c’est qu’en ce moment on recommence à tourner. Nos activités ont été limitées à l’intérieur du pays, mais les choses repartent de plus belle. On va essayer d’amener la Musica Popular de Verdun un peu partout.
Sur les 6 titres du projet, vous partagez deux avec deux voix féminines. « Cardin » avec Marilyne Léonard et « Répète » avec Claire Ridgely. Comment est née ces collaborations ?
Pops : « Répète » avec Claire Ridgely qui est une chanteuse de Montréal, ça fait longtemps qu’on fait la musique ensemble. Elle collabore notamment avec Mike pour d’autres artistes. Marilyne Léonard quant à elle est une connaissance de mike qu’on a eu la chance de travailler avec. C’est une jeune artiste de Montréal, rempli de potentiel.
Mike : Elle (Marilyne) a une espèce voix rock scintillante et je pense que c’est ce qu’on recherchait pour la chanson. Ça été super rapide. Claire c’est une perle, elle est sur plusieurs titres de Clay and Friends, on lui a vraiment donné sa place. Et puis Marilyne ça a été la même chose.
« Ça doit être bon dans la gueule »
Clay and Friends
Elles te donnent la réplique en anglais au niveau des refrains. pourquoi cette juxtaposition des deux langues ?
Mike : ça correspond à notre manière de s’exprimer tous les jours. Quand j’écris de la musique c’est la même chose. J’ai une expression en français qui dit « ça doit être bon dans la gueule », si c’est pas bon dans la gueule au départ, personne ne nous suivra. Pour moi la chanson est plus importante que la langue.
Vous avez quand même écrit un titre sur Charlotte Cardin …
Mike : on a pris l’avion l’hiver dernier pour aller jouer à un festival et on a voyagé en compagnie de Charlotte Cardin avec qui on a déjà fait plusieurs spectacles. Je me suis dis que si l’avion se crash, on ne parlera que d’elle et c’est ainsi qu’est née la chanson, dans les airs. Mais l’avion ne s’est pas écrasée, Cardin est toujours vivante et nous aussi.
Quand on écoute l’ensemble des titres de l’EP, on entend une musicalité différente pour chacune. C’est une façon de ne pas faire de choix ?
Pops : On est 5 musiciens avec chacun un background différent, on s’écoute tous.
Pascal : C’est ce qui est le plus représentatif de ce que nous sommes.
Poolboy : Ça fait longtemps qu’on fait ça, on a toujours fonctionné ainsi, chacun apporte sa petite contribution
Mike : Le fait de faire un choix serait un énorme pas en arrière pour nous. Les groupes qui nous inspirent ou qui nous poussent vers cette direction, ce ne sont pas des groupes qui ont pris position pour une langue particulière. C’est la raison pour laquelle on a choisi cette appellation de la Musica Popular de Verdun, parce que ça change tout le temps et nous aussi on change tout le temps. C’est important d’avoir une plateforme qui est La Musica Popular de Verdun, qui est la réflexion de ce que nous sommes dans le groupe.
Qu’est-ce que ça veut dire Ahorita ?
Mike : prendre un petit moment, c’est une expression qui vient du Salvador où j’ai passé un petit moment. J’ai trouvé ça très beau parce que ce sont des petits moments qui font de grandes choses. Cette chanson est une ode aux petits moments .
C’est la raison pour laquelle on retrouve ce côté latino, une sorte de bossa nova ?
Mike : évidemment, je ne me voyais pas faire ça dans un autre tempo et je trouve ça aussi très beau que dans certaines langues on trouve des mots qui englobent tout.
Pops : Ahorita n’a pas vraiment d’équivalent en français
On retrouve aussi un tempo très doux sur le dernier morceau « Grandes idées »
Mike : je trouve ça intéressant comme question, on est un groupe très festif, on écoute toute sorte de musique, pour revenir à ce que tu disais tout à l’heure on voulait voir où est-ce qu’on pouvait aller avec quelque chose de plus doux, pousser les limites de ce à quoi les personnes peuvent s’attendre en écoutant Clay and Friends.
Pops : c’est l’une des dernières chansons qu’on a composé, et on se disait qu’il manquait quelque chose d’un peu plus introspectif avec une ambiance feutrée. Tous les membres du groupe ont été unanimes sur le fait que c’est dans l’une de nos préférées.
Mike : Ce n’est qu’en surface que c’est festif, mais quand on regard vraiment de plus près, c’est plus profond que ça.
La musique feel good c’est un peu votre signature ?
Mike : oui et non. Je trouve le terme musique feel good un peu « Tchip ». On a eu le disque d’or avec « Going up the coast », c’est l’une des chansons les plus tristes que je n’ai jamais écrite, pourtant tout le monde associe cette chanson à des instants de joie. Je parle du fait de me faire briser le cœur, de fugue…. J’adore des chansons qui permettent à l’auditeur de se retrouver dans les paroles. Si notre musique peut changer la vie de quelqu’un grâce à son contenu, tant mieux.
Si je comprends bien, les textes sont toujours de toi ?
Mike : je n’ai jamais rien écrit sans eux c’est aussi simple que ça. Pour moi le texte peut être incroyable, mais si la musicalité ne m’interpelle pas, je ne vais jamais écouter le texte. Pour moi la musicalité prend le dessus sur le reste.
Pops : quand on compose, on cherche d’abord l’émotion à projeter musicalement. Je sais qu’en France c’est plus répandu d’écrire avant de mettre en musique, pour nous c’est le contraire.
Vous êtes cinq, vous formez une petite famille, comme dans toute famille, il y a souvent des désaccords. Sur quoi ils vous arrivent de ne pas être d’accord ?
Ils éclatent de rires tous en chœur.
Mike : c’est cool comme question. Je pense que depuis qu’on est ensemble, depuis maintenant 5 ans, on a fait énormément de tournées, on s’est vu sous tous les angles. On a tous une capacité incroyable à se donner de l’espace autant du côté créatif que dans nos vies privées. Contrairement à nos débuts où on apprenait à se connaître, je pense que nous sommes tous arrivés à un point où l’objectif collectif est plus grand que nous individuellement et on sait que si on ne s’y met pas ensemble, ça devient impossible de l’atteindre.
Pops : je pense qu’avec le temps aussi, à force de se connaître, on optimise nos résultats en utilisant la force de chacun.
Que est votre relation avec le public français ? Est-ce que vous avez une communauté qui vous suit ici ?
Mike : oui, on le voit, c’est ce qui est chouette avec Instagram, on peut interagir avec le public. Dès qu’on a commencé à annoncer notre venue en France, on a eu une belle réaction du public français. Je pense que fondamentalement, la Musica Popular de Verdun est fait pour être écouté à l’extérieur du Québec. C’est une étape essentielle pour nous d’être ici et de renouer avec le public français et pourquoi pas, l’agrandir…
Et comment vous avez préparé vos retrouvailles avec le public français ?
Mike : ça va être une fête pour nous parce que c’est la première fois qu’on va jouer de nouveaux titres. On très bien rodé dans ce qu’on fait.
Pops : Dis-toi que ça fait longtemps qu’on prépare ça parce que ça fait deux ans qu’on n’est pas venu donc on est prêt à exposer.
C’est quoi la suite de l’aventure ? Vos projets à venir ?
Pops : Si tout va bien, en début d’été on sortira quatre titres qui viendront compléter les six déjà paris et ainsi clore le chapitre Aguá. Ce EP, c’est le projet sur lequel on a autant de collaborations. C’est une belle chose que notre univers attire de nouveaux talents. Tu nous parles de l’album, mais on a encore un tas de show à assurer avant cela et puis on espère revenir en France au mois de juin ou août.
De quels artistes français vous sentez-vous le plus proche ?
Mike : j’ai beaucoup écouté Luidji, je trouve qu’il fait des choses intéressantes, Lomepal pour l’inspiration et l’écriture, Deluxe au niveau de la vibe, l’Impératrice… on ratisse assez large.
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