Charleville-Mézières a vibré au rythme de la 16e édition de son festival fétiche le Cabaret Vert qui s’est achevée le 21 août dernier après cinq jours de fête sur son site habituel agrandi pour l’occasion. Retour sur cette édition XXL qui a rassemblé quelques 125.000 festivaliers
On dit que la patience est la mère de toutes les vertus… Pour son grand retour en force après deux ans d’absence, le Cabaret Vert a fait le choix d’une version XXL en proposant le meilleur de la scène musicale actuelle. L’évènement qui se déroule habituellement sur quatre jours, a rajouté un 5e jour à sa programmation afin de renouer avec la fête après deux années perturbées par la crise. Malgré son édition spéciale “FaceB” en 2021 qui a permis au festival d’éviter une nouvelle année blanche, les organisateurs comptaient beaucoup sur cette édition historique de 5 jours pour retrouver l’esprit fédérateur qui l’a toujours animé et communier à nouveau avec son public.

Un public qui a répondu présent et permis au festival indépendant qui a accueilli son millionième festivalier durant cette édition, de battre un nouveau record de fréquentation avec quelques 125.000 festivaliers sur les cinq jours, dont deux journées sold out (vendredi et dimanche ). Un plébiscite que l’on doit notamment à l’affiche XXL où têtes d’affiche côtoyaient artistes émergents sur les 5 scènes et dans une ambiance de fête au village. Une édition historique qui rentrera certainement dans les annales pour sa réussite grâce à ses 23000 bénévoles dévoués et aussi grâce ses à côtés qui viennent pimenter cet événement. Récit !
Cabaret Vert, toujours invaincu
Qui d’autre que Stromae pouvait servir d’apothéose à cette première soirée tant attendu ? Annoncé en grande pompes depuis plusieurs mois comme tête d’affiche de cette journée spéciale, l’artiste belge qui s’était éloigné des podiums environ 7 ans, a livré un show exceptionnel avec son Multitude tour qui nous a très vite fait oublier la piètre prestation du rappeur Vald qui l’a précédé sur cette même scène une heure plus tôt.
Accompagné de ses quatre musiciens dans un décor à couper le souffle, c’est en mode « Invaincu » et le point levé que le belge s’est présenté au public ardennais. Il n’en fallait pas plus pour que l’excitation déjà palpable, monte d’un cran face à cette scénographie spectaculaire. A travers son spectacle, le « fils de joie » nous embarque dans un univers empreint à la fois de nostalgie et d’espoir. Avec « C’est que du bonheur », il nous donne les nouvelles de son fils qui a 4 ans aujourd’hui et qui a changé le cours de sa vie, avant de nous embarquer dans tourbillon d’émotions avec ses anciens tubes. Le public qui avait été privé de l’artiste pendant une longue période, n’hésite pas à répondre à son invitation à enflammer la fosse comme si c’était la dernière. « Alors on danse » jusqu’à perdre haleine avant d’applaudir longuement cet artiste « Formidable » qui nous avait tant manqué.

Le Greenfloor scintille de l’autre côté de la Meuse
Annoncé depuis la fin de l’édition 2019, les spectateurs ont enfin pu découvrir et apprécier le nouvel emplacement de la scène électro du Greenfloor, situé de l’autre côté de la Meuse et salué par tous. Un endroit bucolique de toute beauté qui a nécessité l’installation d’un pont flottant de 50 mètres de long, surveillé de jour comme de nuit pour éviter tout accident. Une scène prisée par la jeunesse grâce notamment à sa programmation entre rnb et électro qui les a tenu en haleine du jeudi au dimanche soir. L’ambiance y était aussi bien électro avec les sets enflammés du britannique Leon Vynehall et de l’Allemande Lena Willikens, que rap avec la crème de la crème à l’image de Lala &Ce, du rémois Sans-nom ou encore de So La Lune.

Zanzibar, l’archipel du top et du flop
Installée comme à son habitude sur la plaine Bayard, la grande scène baptisée Zanzibar, s’est offert un petit lifting pour accueillir les principales têtes d’affiche de cette édition. Pour leur unique date en France le jeudi 18 août, les américains de Slipknot ne se sont pas trop foulés en livrant un show spectaculaire à l’américaine gâché par leur piètre performance en mode playback qui a décontenancé plus d’un. Ils céderont leur place au rappeur Laylow chargé de clôturer la programmation de folie qu’offrait la grande scène ce soir là.

Et de 4 pour Orelsan, le rappeur de Caen qu’on retrouvait sur cette même grande scène le vendredi soir pour son avant dernier festival de la saison. Trois ans après son dernier passage au Cabaret Vert en 2019 et dix ans après sa première prestation ici, notamment avec son groupe Casseurs flowters, l’auteur de « la fête est finie » a joué ses titres phares devant une plaine de l’Asse pleine à craquer, que même « La pluie » qui s’est abattue sur la ville ce soir là, n’a pas découragé. Oui il a fait beau cette nuit là juste après l’orage, comme si Orelsan avait fait de la météo, sa nouvelle « Civilisation ».

C’est caché sous son bob que le ténébreux Liam Gallagher quitte la grande scène samedi soir après avoir livré un show en demi teinte, mais pas sans reprendre le mythique « Wonderwall » qui a enchanté le public ardennais, surtout lorsqu’il changea quelques mots de la chanson pour l’adapter à son auditoire. « There are mamy things that I would like to say to you but I don’t speak french »! La soirée s’est poursuivie en mode disco avec le set très enflammé de Vitalic qui a transformé le site en dancefloor géant pour les noctambules.
Comme il est de coutume, le dimanche au Cabaret Vert se veut familiale et il est Sold Out avec des têtes d’affiche comme Veronique Sanson ou encore Gaëtan Roussel. De la première, nous n’entendrons que la voix au loin, au moment de dire au revoir au festival. Le 2e par contre, nous aurons le plaisir d’apprécier l’emprise qu’il a sur le public ardennais, juste après la prestation du rappeur originaire de Stains et amoureux de sa guitare Sopico.

C’est en habitué du festival que Gaëtan Roussel est revenu au Cabaret Vert où il était programmé le dernier jour, après ses précédents passages en 2019 ou encore en 2007 lorsqu’il avait été invité avec son groupe de rock Louise Attaque. Devant un public familial acquis à sa cause, il a livré une prestation entraînante aidé des titres de son répertoire comme « Léa », « Il y a » écrit pour son ami Vanessa Paradis ou encore « Le déluge », avant de conclure sur l’un des tubes de Louise Attaque « Je t’emmène au vent », qui se prêtait bien à l’occasion.

Un apothéose au bout de cinq jours de 116 concerts comme on était loin de l’imaginer et qui nous laisse songeur quant à ce que la grande famille du Cabaret Vert nous réserve l’année prochaine du 17 au 20 août, avec l’option d’une 5e journée encore en étude.