La chanteuse aux trois prénoms dresse le panorama de ses émotions semblables aux montagnes russes dans son premier album Cinérama, sorti ce 27 janvier. Rencontre !

« J’espère qu’elle est aussi solaire que les titres de son premier album… ». Voilà l’espoir qu’on nourrissait avant notre rencontre avec Julia Jean-Baptiste ce 24 janvier dans les locaux d’Ephelide (sa boite de promo), trois jours seulement avant la sortie de son premier album Cinérama. La fille aux trois prénoms qui s’est lancée dans une aventure Solo en 2021, a bien voulu répondre à nos questions lors d’une journée promo marathon qui s’est achevée par la case « Côté club » en direct sur France Inter à 22h. Malgré ce programme chargé, la chanteuse qui n’a pas besoin de pile, ne se départira jamais de son doux sourire couplé d’une joie de vivre qui feront tomber toutes nos craintes.

L’entretien avec Julia sera solaire, sans pression, à l’image de son premier projet qui est une source de vie et dont elle en parle avec les étoiles plein les yeux. Oui ce premier opus dans lequel coule la vie, c’est un peu comme son bébé, car c’est sa vie qui transparaît à travers les 12 histoires qu’il raconte avec amour. Douze chansons à travers lesquelles transparaît ses émotions et dont l’écriture lui a permis de se réconcilier avec son histoire. Entre ses racines Martiniquaises, ses amitiés perdues, ses amours et ses emmerdes, elle dressera un panorama de ses émotions, ceux-là mêmes qui forment le cœur de son lumineux Cinérama.

Le confinement est-il pour quelque chose dans ce premier album ?

Julia Jean-Baptiste : Certaines chansons ont été écrites pendant le confinement, mais c’est surtout après, à la suite que j’ai écrit le disque. J’ai sorti un EP en septembre 2021, celui-ci pour le coup il a vraiment été écrit pendant le confinement. C’était un peu plus un disque d’introspection un peu thérapeutique. J’ai pris un chemin en solo d’où le nom du EP Solo, suite à une séparation, j’avais besoin de reprendre confiance en moi artistiquement. Du coup Cinérama a été écrit ces deux dernières années, c’est un projet qui est un peu plus ouvert sur le monde, sur la vie en générale.

Le cinéma, la danse, la littérature… tout ce qui a attrait à l’art semble nourrir ton inspiration ?

Oui, après je pense que c’est surtout un disque qui parle de la vie quotidienne, des choses qui nous entoure. C’est vrai que je suis une grosse fan de comédies musicales (Michel Berger, Michel Legrand…), c’est des héritages et puis le disque s’appelle Cinérama, c’est comme un grand panorama de la vie, comme un grand cinéma géant où on prend le temps d’observer ce qui nous entoure un peu plus longuement.

Tu as choisi la musique pour t’exprimer, ressens-tu le besoin de faire passer des messages de cette manière ?

J’ai besoin de mettre des mots sur des émotions, une des choses que j’aime le plus en musique c’est de réussir à mettre des mots sur ce qu’on n’arrive pas forcément à dire dans la vie. Après je ne me considère pas comme une artiste spécialement engagée, pas dans la musique en tout cas. J’aime bien que les messages soient subliminaux, que ce soit nuancé, que ça parle des problèmes de la vie.

Je n’avais pas du tout envie de faire le premier disque dans la douleur, je voulais que ça soit doux, sans pression.

L’élaboration de cet album a-t-elle été laborieuse sur le plan personnel ? (souvenirs douloureux, ou au contraire moments heureux etc)

Pas du tout, c’est un album qui est sorti de manière très intuitive. Je n’avais pas du tout envie de faire le premier disque dans la douleur, je voulais que ça soit doux, sans pression. C’est un disque que j’ai fait majoritairement chez moi, sur mon canapé quand l’inspiration venait toquer à la porte et j’en garde un souvenir très doux. Parce que c’est des chansons que j’ai écrit un peu dans ma self place chez moi et après qui ont pris vit dans un studio avec mes amis musiciens. Tout le cheminement de ce disque, que ce soit les premières maquettes, les premières mélodies, les premiers mots écrits jusqu’à l’enregistrement du disque, c’est tout un chemin qui a été très agréable. Et c’est quelque chose que j’ai envie de faire, j’espère le plus longtemps possible, la musique c’est quelque chose de sensible. J’ai envie que le processus créatif reste le plus pur et plus impulsif. La musique c’est du plaisir, je n’ai pas envie d’écrire des chansons dans la douleur.

Cette envie constante de continuer à danser ne cache t’elle pas une blessure ?

Sincèrement non, peut être j’ai des blessures, mais j’ai tendance à vraiment avoir envie de voir la lumière, j’ai toujours été comme ça. J’ai un petit côté nostalgique, mais j’ai la chance de toujours avoir été attiré par la lumière. Même quand il y’a des moments où il y a un peu plus d’ombre, je me dit toujours qu’il y’a la lumière derrière mon nuage, il y a toujours le soleil qui revient. C’est comme ça que je vis ma vie, et les moments où je ne vais pas bien je me dis que ça va passer. Le soleil après l’orage.

Tu évoques ta grand-mère, tes origines Martiniquaises etc…, les racines familiales & le passé en général te servent-elles de modèles dans ton travail artistique ?

C’est vrai qu’en général la Martinique c’est quelque chose qui m’a nourri pendant toute mon enfance, du coup la personne que j’ai été, qui continu à grandir, c’est quelque chose que je trouve très précieux. Réussir à faire la paix avec un passé parfois un peu plus compliqué ou des histoires. Garder le positif de ce qu’on a vécu, ce qui fait de nous des êtres humains. Ma grand-mère en particulier méritait une chanson, c’est une femme extrêmement solaire, qui a toujours su rebondir dans les moments difficiles, notamment lors du décès de mon grand-père il y’a 4 ans. C’est une grande source d’inspiration, c’est pour elle que j’ai écrit « Music-hall ». Et les grands-parents en général, j’ai toujours eu un regard tendre pour eux.

L’amour c’est comme jouer au poker ? C’est une loterie pour toi ?

Ah bah oui ! C’est quand même pas mal du hasard l’amour, les gens sur qui on tombe… j’ai beaucoup de copines qui ont eu de grosses déceptions amoureuses… dans « La loterie de l’amour » je parle d’une amie en particulier qui a enchaîné les déceptions amoureuses et qui a mis beaucoup d’espoir dans chacune de ses histoires et du coup la déception était encore plus grande. L’amour pour moi c’est du hasard. J’aime l’idée du hasard mais pas l’idée du jeu autour de l’amour, c’est pas quelque chose qui m’inspire. J’aime bien quand les choses sont simples, qu’on se dise les choses de manière transparente et pas forcément prendre de chemins bizarres pour s’attacher ou se détacher. Par contre c’est sur que c’est du hasard, surtout l’amour arrive au moment où s’y attend le moins.

Tu parles de l’histoire de tes copines, est-ce que ce n’est pas une façon détourner de parler de toi ?

Non pas vraiment… J’adore parler des autres, le fait de pas parler de moi dans certaines chansons c’était hyper important, surtout après « Solo », de parler des autres et de mettre en musique sans forcément que ça revienne à moi, puisque ces chansons elles sont vouées à sortir de moi.

Il y’a eu plein d’actes manqués avec la Martinique…

Dans Madinina par exemple tu confesses « je ne t’oublie pas », c’est une façon de rendre hommage à tes origines ?

C’est une chanson que j’ai écrit juste avant de parler en Martinique pour la première fois il y’a 4 ans. J’avais écrit le texte avant de le mettre en musique récemment. La Martinique c’est la moitié de mon sang, j’avais l’impression de connaître la Martinique sans vraiment la connaître.

Tu n’es pas née en Martinique ?

Non, je suis née à paris et j’ai grandi à lyon, du coup je suis allée en Martinique pour la première fois il y’a 4ans. j’ai écrit cette chanson juste avant. Ce voyage était super fort, je venais de perdre mon grand-père qui est la seule personne que j’ai connue a être est né en Martinique. Je savais que j’allais vivre quelque chose de très fort et en même temps j’avais un peu d’appréhension parce que je trouve un peu absurde de découvrir la moitié de son existence assez tard et en même temps j’étais très excitée de le faire. Du coup j’ai écrit cette chanson juste avant, vraiment quelque jours avant. J’ai grandi avec la Martinique, avec mes grands-parents qui me racontaient des histoires. Mon grand-père qui me racontait son enfance en Martinique, à fort de France, on a une maison là-bas que je n’avais jamais vu. Il y’a eu plein d’actes manqués avec la Martinique, j’aurai pu y aller avant mais ça ne s’est pas fait jusqu’à ce que j’y aille à 28 ans. Ça été un voyage fort édifiant.

Dans « Le désamour » tu parles d’une certaine Camille, qui est-elle ?

Camille c’est l’histoire des amitiés qui se perdent, on s’éloigne des gens qu’on a aimés très fort. C’est une histoire qui m’est arrivée il y a peu de temps et j’avais besoin de la mettre en musique…. C’est des trucs qu’on n’explique pas, autant dans l’amour quand ça s’arrête on peut souvent l’expliquer et puis il y’a une page qui se tourne. Je trouve que dans l’amitié c’est plus difficile de laisser les gens partir, ça s’explique un peu moins. Il faut juste se dire que nos chemins se séparent, c’est la vie. Il faut faire la paix.

Clip officiel « Le désamour »

Et en dehors de la musique, qu’est-ce qui vous porte, vous épanouit au quotidien, quels sont vos petits bonheurs ou grandes joies etc ?

Regarder les gens dans la rue (rires). En dehors de la Musique j’adore me poser à une terrasse de café et regarder les scènes de vie. Je fais du sport, je vais à pas mal de concerts… bref vive une vie simple, pas des aspirations démesurées. Ça manque un petit peu d’aspérité, mais en même temps j’essaie juste de mettre la paix dans mon quotidien

Le seul duo sur ce disque c’est « Ce matin » avec Jean Sylvain, qui est-il et pourquoi lui ?

Sylvain a un projet qui s’appelle Juvénile, on travaille ensemble depuis 2 – 3 ans, il a réalisé l’album, et c’est aussi mon chéri. J’avais envie d’avoir un morceau avec lui sur ce disque. Au-delà du fait qu’on ai travaillé ensemble sur ce projet, il a vraiment été écrit dans l’amour, la tendresse et ce morceau on l’a écrit un soir à 22h. Il est sorti de nous de manière très simple. C’est un morceau qui parle d’une scène de vie hyper simple, juste du matin où la personne se réveille pas trop bien dans son assiette et le fait que l’autre soit source de force, mais dans un moment très quotidien. J’avais envie que ce titre clôt l’album, que ça se termine sur une douceur, en plus il chante trop bien, j’adore sa voix.

Tu dis de cet album qu’il a été réalisé dans l’amour, est-ce que c’est quelque chose d’important pour toi ?

C’est sur que j’ai eu la chance de travailler avec des gens supers, que ce soit avec jean Christophe ou avec les autres musiciens, c’est tous des amis. C’est un disque qui a été fait entre amis. Après il y a eu d’autres musiciens qui ont sans doute joué notamment Abraham qui a fait toutes les percussions cubaines brésiliennes du disque, c’était fou. On a eu un merveilleux trompettiste, un merveilleux saxophoniste…

C’est un disque qui a été fait dans l’amour, dans le jeu, le partage, quelque chose de vivant, de nuancé. Des moments très joyeux comme « Continue à danser » qui est un morceau immédiat et puis les choses plus posées comme « pleine lune » « Adlib ». C’est sur que c’est un disque qui a été fait à une période de ma vie ou je me sens de plus en plus apaisée dans mes choix et je me fais un peu plus confiance. Les chansons que j’écris sont un peu moins introspectif, plus tournée vers l’autre et vers le monde.

Qu’écoutes tu comme styles de musiques, artistes sources d’inspiration ?

J’écoute beaucoup de bossa nova, de grands classiques… à côté de ça je suis une grande fan de Starmania, de David Bowie et depuis récemment pas mal de pop americaine, pop anglaise. Du côté français j’adore Fils Cara surtout sa chanson « que t’es belle », elle est trop belle. J’écoute pas mal de choses mais globalement j’écoute des musiques qui sont assez organiques, j’écoute peu de musique électronique alors qu’avant j’en écoutais pas mal.

Que prévois tu pour la suite ?

La suite c’est les concerts. Je pars en résidence en février et on fait les premiers concerts à lyon (9 mars) et à Paris (16 mars). Des concerts, la tournée, continuer à écrire des chansons…

Est-ce qu’il y a une salle où un festival qui te fait rêver ?

Ma réponse ne sera pas vraiment originale : un bon vieux Olympia (rires), je pense que voir son nom en rouge, c’est le rêve de tout le monde. En festival, il y en a un à Sète, je ne sais plus comment il s’appelle, mais ils ont un théâtre au bord de l’eau. Le lieu est chargé d’histoire et en plus quand tu fais ton concert en plein couché de soleil au mois de juillet, c’est le pied. Ça et l’Olympia, après je peux mourir en paix.

Plus d’infos

Cinérama, le premier album de Julia Jean-Baptiste est disponible sur toutes les plateformes.