Dense en énergies et riche en émotions, (re)vivez la prestation de Gaël Faye, le 28 août dernier au festival O’tempo, dernière date de sa tournée d’été, pour adoucir l’attente jusqu’aux prochains concerts de l’artiste qui reprendront à l’automne.

Comme beaucoup d’artistes, Gaël Faye était impatient de retrouver la scène cet été, avide de partager avec le public son dernier album Lundi Méchant, paru le 6 novembre 2020. La tournée, commencée le 17 juin dernier au festival Rio Loco, prend fin ce soir au Festival O’tempo, avec, en date centrale, le 10 juillet, un Olympia plein à craquer.

Une dernière pour Gaël et son équipe, une première pour le Festival O’Tempo à Boigny-sur-Bionne, près d’Orléans, qui a réussi le pari risqué de prendre vie en cette année pourtant encore bien troublée par les répercussions de la pandémie covid19. Une première pour moi également : premier concert de Gaël Faye depuis la sortie de son nouvel album, retrouvailles après deux ans et demi d’espoir interminable d’enfin vibrer une nouvelle fois avec cet artiste hors du commun.

Gaël Faye au festival O’tempo le 28 août dernier. (c): Baptiste Brg

Gaël Faye est un rappeur, poète et humain formidable : ce qu’il offre à son public depuis la scène est indicible. Au delà de ses textes et du sens profond de ses mots, il y a cette force qu’il nous communique en concert, alors on danse, on crie, on saute pour lui rendre un peu de ces belles énergie dont il rayonne sans compter.

Ce soir et pour toute la tournée de cet album, Gaël est entouré de ses musiciens de cœur : Louxor aux machines et Guillaume Poncelet aux claviers, trompette. Samuel Kamanzi, qui avait accompagné Gaël en 2017 dans le spectacle de lecture musicale du livre Petit Pays, nous gratifie de sa voix magnifique, accompagné de sa guitare sur plusieurs morceaux du set.

Gaël Faye au festival O’tempo le 28 août dernier. (c): Baptiste Brg

Lundi Méchant, titre éponyme de l’album, amorce le concert, avec son refrain rapidement repris par un public enjoué. S’ensuivent deux titres coups de poing aux textes percutants : Tôt le matin pour sortir de la routine et oser tracer sa route, puis Irruption pour affirmer la force et la présence des minorités. Dans la continuité de cette idée de résistance, Seuls et vaincus, un poème de Christiane Taubira mis en musique, se prolonge par Lueurs et sa hargne optimiste, interprétée avec une telle conviction que les émotions se lisent aisément sur le visage de l’artiste.

Gaël Faye sollicite l’énergie du public sur Fils de hip hop, portrait endiablé du Rap sur lequel il nous exhorte à hocher de la tête, lever et descendre les bras, en rythme pour ceux qui en ont la capacité, ou pas. Simple demande et pourtant si importante de par sa formulation puisque les gens dénués de sens du rythme comme moi se sentent directement inclus à la fête.

Ainsi commence l’ascension vers un délicieux lâcher prise, Zanzibar, peu dansant, mais au texte captivant, expédie nos âmes dans une autre dimension, portées par une indescriptible vibration. Il est temps de retrouver nos corps pour nous déhancher, en rythme ou pas, sur le trio de titres JITL (en hommage au Jump In the Line de Harry Belafonte), Histoire d’amour (magnifique duo complice avec Samuel Kamanzi, quelle voix !) et Boomer. Ce dernier morceau se révèle incroyablement explosif : Gaël descend dans le public pour un bain de foule de plusieurs minutes, à danser au milieu des gens dans un nuage de poussière et de bonne humeur ! Gare à celui qui n’a pas travaillé son cardio pendant le confinement, le point de côté vous guette (personnellement, c’est à ce moment précis que j’ai juré de me remettre au sport).

Avant de remonter sur scène, Gaël reconnaît, au premier rang, mon amie Lucie qui le suit et le soutient sans relâche depuis plus de quatre ans, et gère un joli compte fan sur Instagram : il vient l’étreindre tendrement, pour un câlin qui sera merveilleusement immortalisé par le photographe Baptiste Brg.

Gaël Faye au festival O’tempo le 28 août dernier. (c): Baptiste Brg

Ma femme, atypique déclaration d’amour de Gaël Faye à celle qui est devenue son épouse, nous emmène jusqu’à la chanson Respire et son refrain d’espoir. Nos corps échauffés ne rechignent pas à chalouper sur la chanson du même nom, et se trouvent un peu pris de court alors que s’annonce la fin du concert. Le rappel nous paraît à tous inévitable et indispensable, mais la dure loi de la régie des festivals est sans appel : pas un minute de plus ne sera octroyée, il est temps de laisser la place au groupe suivant.

Ainsi s’achève un concert qui, semblant si court sur le moment, se révèle pourtant assez long à raconter. À un concert de Gaël Faye, il se produit comme une distorsion du temps, combinée à un ascenseur émotionnel aux couleurs les plus diverses qui a choisi de s’exprimer, chez moi, par de véritables larmes au long des minutes suivant la fin du spectacle. Heureusement, la tournée reprend prochainement pour des concerts en salle que nous espérons plus longs et tout aussi enveloppants que celui-ci. Le top départ aura lieu à Marseille le 7 octobre pour s’achever à la mi-décembre du côté de Dijon. Le Zenith de Paris accueillera Gaël Faye le 27 novembre prochain, un concert exceptionnel à ne pas manquer !